Depuis quelques jours, le nombre de feux de brousse s’est multiplié un peu partout sur le territoire. C’est la province Nord qui est particulièrement touchée par ces incendies qui ont ravagé en l’espace de quelques jours plusieurs centaines d’hectares.
Si la situation n’est pas hors de contrôle, il est clair que la multiplication de ces incendies commence à inquiéter l’ensemble des sapeurs-pompiers de Nouvelle-Calédonie qui font face à plusieurs départs de feux chaque jour. « Depuis 15 jours, nous sommes confrontés à une moyenne de deux départs de feux chaque jour » explique le lieutenant Philippe Buama, responsable de l’antenne DSCGR (Direction de la Sécurité Civile et de la Gestion des Risques) de Koné. Dans le Nord, hier après-midi, les sapeurs-pompiers étaient mobilisés sur deux chantiers (c’est ainsi que les soldats du feu appellent dans leur jargon, un feu de forêt) de grande ampleur. Un sur la commune de Poum et l’autre plus au sud au niveau de basse Poya. « Au niveau de basse Poya, il y a des dégâts matériels, nous expliquait hier après-midi le lieutenant Buama, des véhicules ont été brulés, et nous sommes en train de protéger les habitations. Une dizaine d’hectares est déjà partie en fumée au niveau de la rivière, et les conditions ne sont pas favorables, nous faisons face à une végétation composée de gaïac et de niaouli qui sont très inflammables ».
Plus de 1000 hectares brulés en l’espace de 4 jours
Un incendie qui a pour conséquence la fermeture à plusieurs reprises de la circulation sur la RT1. Sur le secteur de Poum, l’incendie fait maintenant rage depuis plus de 48 heures. « Plus de 200 hectares de végétations ont été ravagés, indique le Lieutenant Buama. Sur ce chantier, nous avons déployé un véhicule de commandement et un camion de la DSCGR, un camion du SIVM Nord et nous avons l’appui d’un hélicoptère bombardier d’eau (HBE). Des engins de terrassement sont également engagés sur ce feu, explique encore Philippe Buama. Nous protégeons les habitations d’un lotissement dans le secteur de Tiabet ». En province Nord, depuis vendredi dernier se sont plus de 1000 hectares de végétation qui sont partis en fumée. En province Sud, c’est dans le secteur de la Tamoa qu’un incendie s’est déclaré hier après-midi. « Le feu a pris en bordure de la RT1 et c’est très rapidement propagé, une centaine d’hectares a déjà brulé explique le Commandant Gwenval Cambon, chef de corps des sapeurs-pompiers de Païta. Nous avons le renfort d’un hélicoptère bombardier d’eau, mais les accès au feu étant très compliqués, nous sommes partis pour plusieurs jours de lutte contre les flammes ». Situation tendue donc, sur le front des incendies, malgré le travail acharné des sapeurs-pompiers communaux appuyés par les personnels de la DSCGR. « Les communes nous demandent des renforts, mais cela devient de plus en plus difficile, nous ne sommes pas primo-intervenants, nous venons en renforts des pompiers communaux, mais nous ne pouvons pas déployer l’ensemble de nos effectifs sur une seule commune », explique le Général Frédéric Marchi-Leccia, le directeur de la sécurité civile.
« Il faut arrêter d’allumer des feux »
Pour le moment, il n’est pas envisagé de faire appel à des renforts depuis la Métropole, mais les Forces Armées en Nouvelle-Calédonie pourraient, si la situation devait durer encore plusieurs jours, être sollicitées pour des missions de logistique. « Ce qui nous met en difficulté ce n’est pas l’étendue des feux, mais leurs nombre, explique le Général Frédéric Marchi-Leccia, nous allons vers un épuisement des effectifs. De passer d’un feu à un autre c’est aussi fatiguant que de rester plusieurs jours sur un même chantier ». Le Général Marchi Leccia qui lorsque nous l’avons joint hier souhaitait une fois de plus lancer un appel à la population, alors que pratiquement toutes les communes de la Grande Terre sont placées en risque extrême feu de forêt. « Comme je le répète dans les médias depuis plusieurs jours, je ne veux pas plus de moyens, je veux surtout moins de feux. Il faut arrêter d’allumer des feux ».
Lionel Sabot
