Notre système de santé n’est pas en train de s’effondrer, il est déjà en ruine, et sa destruction va se poursuivre encore. Le constat est que l’on ne parvient plus à recruter des professionnels, y compris pour des courtes périodes, et que les départs de ceux qui étaient encore en poste vont se poursuivre. Parce que pour eux, l’herbe est assurément plus verte ailleurs qu’en Nouvelle-Calédonie. Le passage à tabac du dernier infirmier libéral encore en poste sur la zone Houaïlou-Canala risque de ruiner les efforts fournis par les institutions pour recruter des professionnels de santé. Et en tout état de cause, la désertification médicale de la province nord, et en particulier de la côte Est, va se poursuivre, peut-être même s’amplifier. Le drame est que l’on ne peut pas dire que l’on ne fait rien – bien qu’en matière de sécurité, il y a tellement à faire –, mais les efforts fournis ne parviennent pas à renverser la tendance. La conséquence est que les Calédoniens vont avoir de plus en plus de mal à se faire soigner, et c’est déjà le cas. En dépit des efforts et des sacrifices des professionnels qui sont encore en poste, nous allons nous retrouver avec le système de santé d’un pays sous-développé. La crise sanitaire qui va nous frapper sera aussi redoutable, sinon plus par ses conséquences humaines, que la crise économique et sociale.
Nicolas Vignoles