Se lever tôt. Se coucher tard. Jamais se lever tard, rarement se coucher tôt. Parfois, ne pas se coucher. Ou ne pas réussir à fermer un œil quand le soleil a clos les siens.
Selon les données collectées par l’Institut national du sommeil et de la vigilance, il y a deux ans les Français dormaient en moyenne 6 heures et 42 minutes en semaine, 7 heures et 25 minutes le week-end, un quart d’heure de moins comparé à cinq ans plus tôt. On serait curieux de voir les résultats en Calédonie. Comment étaient-ils avant le premier des trois référendums ? Puis avant le Covid-19 ? Puis avant la crise du nickel ? Puis avant la crise insurrectionnelle ? Sans doute mieux qu’aujourd’hui. C’est l’un des volets oubliés de la situation amorcée le 13 mai 2024 : le manque de sommeil, en tout cas profond, le fait d’avoir eu pendant longtemps, et peut-être encore maintenant, une impossibilité de dormir sur ses deux oreilles, par crainte de ce qui pourrait se produire, de qui pourrait surgir. Nous vient en tête l’histoire d’un couple âgé, qui avait veillé toute la nuit dehors à Nouméa, et qui aux premières lueurs du jour, durant la seconde quinzaine de mai, s’est fait cambrioler, avec violence, alors qu’il venait juste de rejoindre les bras de Morphée.
Même si c’est désormais plus calme, la période n’est pas propice à la grasse matinée. Conséquence de la crise : de nombreuses décisions déterminantes sont prises à Paris, donc la nuit en Calédonie. Illustration avec le forum économique organisé samedi à Bercy : il a duré plus de trois heures, s’est terminé au-delà de 21 h (à Nouméa). Deux minutes après le dernier mot ministériel (il était aux environ de 11 h 30 à Paris), l’auditorium de la CCI était déjà quasiment vidé de sa cinquantaine d’occupants. Sans doute sont-ils tous partis dîner, puis se coucher. Ont-ils ensuite trouvé le sommeil ? Si oui, est-ce qu’il fut réparateur ?