C’est la proposition en vogue actuellement : créer une mission du dialogue à l’instar de celle mise en œuvre par Michel Rocard au lendemain du drame d’Ouvéa.
Cette proposition de mission du dialogue émane des indépendantistes, relayés par Calédonie Ensemble, et qui trouve certains échos parmi la gauche française. Leurs arguments sont de dire que, puisque le dialogue est au point mort, il faut créer les conditions d’une reprise et que cela pourrait passer par une mission indépendante chargée de rencontrer tout le monde et de faire des propositions. Les indépendantistes ont soumis l’idée que cette mission puisse être confiée à une personnalité politique française incontestable, visant sans doute Édouard Philippe. Calédonie ensemble propose la co-présidence des présidents du Sénat et de l’Assemblée. Outre que cette proposition permet encore une fois aux indépendantistes de gagner du temps, il faut surtout s’interroger sur son sens politique, et surtout sur ce qui fait qu’il n’y a pas ou plus de dialogue.
En quoi une mission de ce genre serait-elle en mesure de dénouer la situation, dès lors que les indépendantistes sont opposés à tout ce qui ne leur garantie pas l’indépendance ?
Entendre et s’entendre
Parce que s’il n’y a pas ou plus de dialogue aujourd’hui, c’est bien parce que la réalité démocratique et républicaine posée par le résultat des trois référendums prévus par l’accord de Nouméa est niée par les indépendantistes. Le dialogue n’est possible qu’entre gens qui acceptent d’entendre et de s’entendre, et si ça n’est pas le cas aujourd’hui, c’est bien le fait des indépendantistes. Et quelles seraient les conséquences d’une « mission du dialogue » qui conviendrait que cette réalité démocratique et républicaine devrait s’imposer à tous ? En définitive, cette proposition hors-sol d’une mission du dialogue est à manier avec circonspection : l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.
Nicolas Vignoles