Tematai Le Gayic, député de la 1re circonscription de la Polynésie française, Davy Rimane, député de la 2e circonscription de Guyane, et Philippe Gosselin, député de la 1re circonscription de La Manche, ont conclu samedi une mission d’une semaine en Calédonie. Venus prendre le pouls du monde politique local et des habitants du Caillou, ils n’ont pas été déçus.
« On a auditionné beaucoup de monde : partis politiques, élus, association(s) des maires, gouvernement, sénateurs, Cese, société civile, représentants » des catégories « socioprofessionnelles, les églises aussi. On a vu un maximum de personnes dans ce laps de temps », explique Davy Rimane (Gauche démocrate et républicaine), sans oublier « les coutumiers ». Après une cinquantaine d’heures d’audition en une semaine, dans « les trois provinces », précise Philippe Gosselin (Les Républicains), « on a des pièces d’un puzzle qui commence à devenir assez cohérent. On sent bien les points de crispation, les points d’accord et les points qui émergent. Il y a un point inquiétant qui émerge et qui donne la toile de fond, c’est l’ambiance, ou l’environnement, économiques, qui est un vrai sujet. »
Et « tout ça est en train de nous rattraper à une vitesse grand V, ça se télescope avec toutes les données institutionnelles : le report des provinciales, le report éventuellement d’autres discussions, la question du dégel ou pas du corps électoral… Il ne faudrait pas que ces éléments se télescopent et fassent finalement exploser en vol » les efforts entrepris pour trouver un accord politique.
« Éviter les surenchères »
Dans ce contexte, « il y a une urgence à être attentif, à éviter les surenchères, à éviter les chiffons rouges qui seraient agités inutilement », poursuit Philippe Gosselin. Le « dégel du corps électoral », via une modification de la Constitution (par un vote du Congrès de Versailles dans quatre mois si aucun accord local n’est trouvé d’ici là), « c’est un sujet : est-ce que c’est le bon moment ou pas ? Il faut se poser la question. Le gouvernement dit que c’est le bon moment, beaucoup disent que ça peut être le bon moment, d’autres sont plus nuancés : on réservera évidemment notre réponse à notre rapport » qui sera « publié en avril », ajoute le député de La Manche, qui souhaite que « la méthodologie utilisée depuis trente ans », à savoir du dialogue et de la patience, se poursuive.
« D’accord de se mettre d’accord »
« Les responsables politiques calédoniens, on les a tous vus et on les a tous trouvés aptes à discuter, on les a tous trouvés d’accord de se mettre d’accord », fait remarquer Tematai Le Gayic (Gauche démocrate et républicaine). Sur le sujet dégél du corps électoral, il y a, selon les députés, un consensus sur les natifs, pas sur les autres potentiels votants.
Maintenant, « il faut laisser le temps au temps », pour qu’un accord local soit trouvé et éviter que ce soit les élus en Métropole qui décident à la place des dirigeants du Caillou. D’autant qu’en période d’élections européennes, et dans la perceptive des présidentielles en 2027, « on a peur que le dossier calédonien soit utilisé comme un trophée pour d’autres ambitions », souligne le jeune (23 ans) député polynésien.
Attendre, encore, oui mais pas trop, coupe Philippe Gosselin. « Donner du temps au temps, ce n’est pas jouer la montre », glisse-t-il.
Anthony Fillet