Dans un peu moins de deux mois, nous « commémorerons » le premier anniversaire du 13 mai, et certains commencent déjà à exprimer leurs craintes que cela recommence. L’inquiétude est ailleurs, car il ne se passe désormais plus une semaine sans que tel ou tel publie chiffres et statistiques pour analyser les conséquences des émeutes. Pis encore, ces conséquences sont maintenant visibles concrètement et une chappe de misère est en train de s’abattre sur la Nouvelle-Calédonie et les Calédoniens. La perte des emplois et des revenus plonge, notamment les plus démunis, dans une infernale spirale, sans omettre de mentionner le désarroi des chefs d’entreprise et des patentés dont l’espoir de s’en sortir s’amenuise de jour en jour. Or, le plus incroyable dans cette histoire, c’est que le temps passant, on déplore davantage la situation que l’on en pointe les responsabilités. Même le mot émeute disparaît du langage au profit de « la crise », ce qui ne reflète pas du tout ce qui s’est passé, et ce dont nous souffrons aujourd’hui. La vérité, qu’il ne faudrait surtout pas oublier même si l’on est à l’orée de négociations, c’est que la CCAT, ses affidés et ses leaders, dont certains tiennent encore le haut du pavé, ont plongé la Nouvelle-Calédonie dans le malheur. Certains, et pas uniquement les auteurs du chaos, s’emploient à le faire passer sous le boisseau, au prétexte qu’il nous faut un accord quoi qu’il en coûte. C’est là bien mauvaise politique.
Nicolas Vignoles