En cette Journée internationale des droits des femmes, nous prenons la parole pour rappeler que la condition des femmes en Nouvelle-Calédonie demeure un enjeu majeur et nécessite de profondes améliorations. Notre territoire est tristement reconnu comme l’un des plus dangereux de France pour les femmes. Tous les indicateurs sont au rouge.
Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une période d’intenses réflexions institutionnelles et sociales, nous, femmes engagées au sein des Républicains calédoniens, réaffirmons avec force que notre territoire doit être un espace où chaque femme, quelle que soit sa communauté, peut vivre en sécurité, s’épanouir par le travail, transmettre son héritage culturel et accéder aux opportunités du monde moderne. Aussi, nous portons l’ambition de faire évoluer la place des femmes dans la société calédonienne, en nous appuyant sur les valeurs que nous défendons: ordre, mérite et progrès.
Un environnement sûr
Nous aspirons à une Nouvelle-Calédonie où la liberté et la sécurité des femmes ne s’arrêtent ni à la tombée de la nuit ni au seuil de leur foyer. Une société juste est une société où chacun, et donc chaque femme, peut se déplacer, travailler et vivre sans crainte et sans honte. Trop nombreuses sont celles qui subissent encore violences, harcèlement ou discriminations, limitant ainsi leur accès à l’emploi, à l’éducation et à la vie sociale. La sécurité doit être une priorité absolue, s’appuyant sur les forces de l’ordre et la justice, mais aussi sur les solidarités communautaires, religieuses et socio-professionnelles. Dans cette optique, nous proposons que l’Observatoire de la condition féminine bénéficie de moyens humains et financiers à la hauteur des enjeux qu’il analyse. Son travail doit désormais s’inscrire dans une coopération plus étroite avec les dispositifs provinciaux et associer les forces de l’ordre, les associations et les représentants des communautés. Par ailleurs, il est essentiel de renforcer l’accompagnement des femmes victimes de violences et de mieux faire connaître les solutions existantes. Nous souhaitons densifier le réseau de prise en charge, tout en prenant en compte les réalités culturelles et linguistiques de notre territoire. Enfin, pour que le changement de mentalité s’applique également à celles et ceux qui nous représentent, nous proposons d’inscrire dans la loi calédonienne la destitution automatique de toute personne élue condamnée pour violences à l’encontre des femmes ou intrafamiliales.
Réussir au féminin
Nous voulons une Nouvelle-Calédonie où la réussite des femmes profite à toute la société. Les femmes de notre territoire sont des actrices essentielles de notre économie: cheffes d’entreprise, commerçantes, artisanes, agricultrices, professionnelles de santé, fonctionnaires… Pourtant, elles rencontrent encore trop d’obstacles pour accéder aux financements et aux postes de décision. Lever ces freins et donner à chaque femme les moyens de réussir grâce à son travail et à son talent fait partie des actions que nous engageons quotidiennement.
Pour aller plus loin, nous souhaitons créer un fonds provincial de soutien dédié aux entrepreneures locales, notamment dans les secteurs de l’innovation et des savoir-faire traditionnels. Nous proposons également de renforcer le programme de mentorat intergénérationnel et interculturel, afin de connecter des femmes d’expérience avec de jeunes entrepreneures issues de toutes les communautés, pour favoriser la transmission et encourager l’ambition des jeunes Calédoniennes.
Par ailleurs, nous proposons de valoriser les entreprises engagées pour l’égalité des genres grâce à un label « Entreprise engagée pour l’égalité ». Nous proposerons une loi qui fixe un objectif de 50% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises publiques et parapubliques d’ici 2030.
Faire évoluer la société
Nous voulons une Nouvelle-Calédonie où nos filles grandissent en sachant qu’elles ont toute leur place dans l’avenir du pays. L’éducation et la santé sont les clés du progrès. Pour que les femmes puissent pleinement participer à la construction du pays, il est essentiel de leur donner, dès l’enfance, les moyens de « rêver grand », de se projeter dans l’avenir et d’oser des carrières nouvelles tout en respectant leur identité culturelle.
Nous lancerons, à l’occasion du prochain Nouméa Women’s Forum, un cycle de conférences intitulé « Femmes d’hier et d’aujourd’hui », permettant à des figures féminines de partager leur parcours et d’inspirer les nouvelles générations. Nous souhaitons également intégrer des modules de réflexion, dès le collège, pour sensibiliser les jeunes à l’égalité des genres et encourager les jeunes filles à s’affirmer.
Pour que les femmes trouvent pleinement leur place, la société doit évoluer et mieux comprendre les défis physiques et psychologiques qu’elles affrontent. À ce titre, nous proposons des consultations médicales gratuites sur la contraception et la santé sexuelle pour les Calédoniennes de moins de 20 ans et la gratuité du dépistage des cancers féminins dès 40 ans. Nous militons aussi pour la prise en charge par la CAFAT des moyens de contraception et des protections hygiéniques réutilisables jusqu’à 25 ans, et soutiendrons toutes les initiatives allant dans ce sens. Enfin, nous souhaitons engager une réflexion sur l’adaptation des congés maternité afin que ces derniers soient plus longs et plus flexibles pour mieux concerner les pères de familles.
Le 8 mars ne doit pas être une simple journée de discours. Il doit être le point de départ d’actions concrètes, capables de transformer la vie des Calédoniennes. Nous appelons toutes les forces vives du territoire – institutions, entreprises, associations et citoyens – à se mobiliser pour faire de ces engagements une réalité. Car nous sommes convaincues qu’une Nouvelle-Calédonie forte est une Nouvelle-Calédonie où les femmes avancent, libres, protégées fières et reconnues pour leur mérite.
Nous sommes prêtes à porter ces ambitions et invitons chaque Calédonienne et chaque Calédonien à s’engager à nos côtés. Le 8 mars est une journée de mobilisation. Ensemble, faisons-la compter.
Les signataires
Naïa Wateou, 3e vice-présidente du Congrès et Secrétaire générale des Républicains calédoniens ; Sonia Backes, présidente de la province Sud et présidente des Républicains calédoniens ; Maryline D’Arcangelo, maire de Païta ; Françoise Suve, cheffe de l’intergroupe Les Loyalistes au Congrès et membre des Républicains calédoniens ; Muriel Malfar-Pauga, 5e vice-présidente du congrès et membre des Républicains calédoniens; Marie-Laure Ukeiwë, membre du CESE et membre des Républicains calédoniens ; Christiane Saridjan-Verger, élue de la province Sud et membre des Républicains calédoniens; Carla Reuter, présidente des Jeunes Républicains calédoniens