Les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE et PME) ont l’opportunité de renforcer leur capacité d’innovation, grâce à deux appels à projets lancés par le gouvernement, l’État et la Bpifrance.
Nous l’évoquions dans l’édition d’hier, l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la Bpifrance (une banque publique d’investissement) ont lancé jeudi deux appels à projets dans le cadre du programme France 2030 territorialisé, doté de 182,4 millions de francs. Ce dispositif vise à soutenir l’innovation et à structurer les filières stratégiques du territoire jusqu’en décembre 2026. Selon Petelo Sao, membre du gouvernement en charge de l’innovation technologique, France 2030 s’inscrit dans la continuité du Programme d’investissement d’avenir (PIA3). « L’idée, c’est de récolter des fonds pour financer des projets innovants. Le programme précédent a été clôturé l’année dernière, et France 2030 prend le relais. » Cette initiative entend répondre aux défis économiques et industriels du territoire, en soutenant les entreprises locales dans leurs efforts de transformation et d’adaptation aux enjeux de demain. Le programme repose sur un cofinancement entre l’État et la Nouvelle-Calédonie, chaque partie investissant à parts égales. La Bpifrance joue un rôle clé dans la sélection et le suivi des projets. « Pour un franc de l’État, c’est un franc du territoire », précise Jérôme Bouquet, directeur du réseau Île-de-France et Outre-mer de la Bpifrance. Pour les bénéficiaires, « on n’a pas forcément de retour sur investissement immédiat », mais « France 2030 permet de poser la première pierre avant d’accéder à d’autres financements», souligne-t-il.
« Pas un chèque en blanc »
Les deux appels à projets répondent à des objectifs distincts mais complémentaires. Le premier vise à encourager l’innovation en accompagnant les entreprises dans le développement de solutions inédites. Le second s’attache à structurer des filières stratégiques du territoire, telles que l’agriculture ou l’industrie agroalimentaire. Contrairement aux idées reçues, l’innovation ne se limite pas au numérique. Petelo Sao illustre cette diversité en citant un projet financé par le précédent programme d’investissement : « Un lauréat a développé une technique innovante de marcotte en agriculture, aujourd’hui exportée jusqu’en France hexagonale ».
Les entreprises pourront bénéficier d’un soutien financier compris entre 6 et 18 millions de francs, à condition d’apporter des fonds propres équivalents. Cet engagement personnel est un élément central du programme, comme le rappelle Louis Le Franc, Haut-commissaire : « Ce n’est pas un chèque en blanc, il faut qu’il y ait un engagement personnel. C’est un complément financier qui permet à un projet innovant de se développer ».
« Créer de l’emploi et de la richesse »
Si ce dispositif s’adresse à toutes les entreprises innovantes, il vise particulièrement les TPE et les jeunes entrepreneurs. « Il n’y a pas de raison qu’un jeune créateur d’entreprise ne soit pas accompagné », note Louis Le Franc, qui voit dans France 2030 une opportunité pour la Nouvelle-Calédonie de se relever. Ces appels à projets permettent de « changer l’orientation du projecteur », déclare le Haut-commissaire, dans un moment où l’on parle surtout des destructions, de la reconstruction et de l’indemnisation des assurances. « L’objectif est de créer de l’emploi et de la richesse pour ce territoire. »
Cet accompagnement permettra également aux entrepreneurs de mieux structurer leur projet avant de solliciter des financements complémentaires. Ainsi, pour Jérôme Bouquet, France 2030 représente une première amorce, un tremplin. Au-delà de l’innovation et du soutien à l’entrepreneuriat, le dispositif accorde une place centrale à la transition écologique : 50% des financements sont dédiés à la décarbonation et 50% aux acteurs émergents, garantissant ainsi une transformation économique alignée avec les enjeux environnementaux. « Nous avons une ligne verte : il faut que les entreprises accompagnées soient respectueuses de l’environnement », insiste Jérôme Bouquet.
Lancée pour une durée de deux ans (2024-2026), l’initiative France 2030 pourrait être prolongée si le succès est au rendez-vous.
Claire Rio-Pennuen