Dans la situation dans laquelle se trouve la Nouvelle-Calédonie, exténuée du chaos et gangrenée d’incertitude, il était nécessaire qu’une lumière, même faible, soit allumée.
C’est chose faite au terme d’une visite ministérielle de huit jours, au cours de laquelle Manuel Valls aura réussi l’exploit (souligné par la presse nationale) de rassembler tout le monde autour d’une même table.
Sans pour autant verser dans l’optimisme béat du Lou Ravi de la crèche, on peut néanmoins se réjouir que les fils du dialogue aient été renoués, offrant la perspective d’une solution qui, au vu des circonstances, s’apparenterait vraiment au miracle.
Mais on n’en est pas là. Pour Manuel Valls, c’est veni, vidi mais pas encore vici, et c’est pour cela qu’il reviendra bientôt, pour engager enfin ces négociations tant attendues.
Ce que l’on retient de cette longue séquence, c’est que malgré la volonté maintes fois exprimée de l’UC-FLNKS, de ne discuter qu’avec l’État, et le 13 mai, les délégations se sont parlées. Franchement, durement, sans ménagenent souvent, mais personne n’a voulu rompre le dialogue renaissant. Et cela, sans que rien ne soit oublié, sans faire comme si rien ne s’était passé.
Un côté malin
Tout le monde ou presque a pu prendre connaissance des hypothèses sur la table. Elles sont larges, tellement que l’on peut s’en inquiéter, mais suffisamment pour que l’on puisse négocier. C’est le côté malin de la méthode Valls, et c’est aussi le principe de base d’une négociation que de partir de très loin pour dégager les compromis et les concessions nécessaires à un accord.
Un autre aspect important de cette semaine cruciale, est qu’en permettant à chacun de présenter et défendre ses positions, de manière claire, transparente et forte, on ne peut reprocher à personne d’avoir perdu la face. C’est important dans la perspective d’aller rendre compte des travaux aux militants, dont les exigences sont parfois inconciliables avec le compromis.
Alors oui, c’est ici et maintenant que tout commence. Voilà les délégations au pied de la montagne, lourdes de fardeaux encombrants, et prêtes à entamer l’ascension. Il faut leur souhaiter d’être des Hillary* triomphants et non Sisyphe courant derrière son rocher dévalant la pente.
* Edmund Hillary, vainqueur de l’Everest en mai 1953
Nicolas Vignoles