« En reniant sa parole donnée », ou prétendument donnée, sur un non dégel du corps électoral pour les prochaines élections provinciales, l’État, résume Daniel Goa, a fait « sauter les frontières mentales qui retenaient le peuple kanak ». Ainsi, selon le président de l’Union Calédonienne, « le 13 mai ne devrait être une surprise pour personne ». Les exactions commises ce jour-là et les suivants seraient le fait de l’État, « seul responsable », et d’une « jeunesse » qui « s’est affranchie de tout contrôle ». Dans ce discours de dix pages, prononcé lors d’un comité directeur de l’UC le 26 octobre, Daniel Goa parle d’une « insurrection politique doublée d’une révolte de la jeunesse contre ses conditions d’existence ». Il évoque « un brutal changement générationnel qui s’opère sous nos yeux ». Pour le dirigeant indépendantiste radical, il faut reconnaître « la véritable grande victoire de la CCAT », laquelle a fini par obtenir « l’arrêt immédiat du processus de dégel du corps électoral. C’était l’objectif assigné. Il a été rempli. » Et tant pis pour « la situation de flou général dans lequel le pays s’est enfoncé ». Daniel Goa préfère retenir « quelque chose de nouveau et de vraiment important » qui « est en train de se passer », à savoir « le réveil kanak ». Pour le président de l’UC, « c’est le moment d’accéder enfin à notre pleine souveraineté », « d’aller chercher Kanaky », au plus tard le « 24 septembre 2025 », si possible « avant cette date ». Ce serait « par la discussion », plus que par la force. Mais attention, prévient-il : « si l’État nous imposait l’échec, alors l’amertume de la jeunesse, de la douleur des mamans qui ont perdu leurs enfants, la frustration collective se transformeraient à nouveau en une nouvelle insurrection ». Pas rassurant.
Anthony Fillet