Depuis le début des émeutes le 13 mai dernier, on entend beaucoup parler de résilience. Résilience de l’économie, résilience aussi par exemple des habitants du Mont-Dore Sud qui sont « coupés » du monde depuis quatre mois. S’il est devenu « chic » de parler de résilience, il est peut-être bon de s’arrêter sur la réelle signification de ce terme, histoire ne pas l’employer que pour faire le sachant à l’heure de l’apéro. La résilience est la capacité à se reconstruire après un choc, à rebondir malgré les épreuves. Depuis le 13 mai toujours, quand on prend un peu de hauteur, on s’aperçoit, par ailleurs, que nous acceptons des choses sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle. Entendre des explosions le soir dans nos quartiers est presque devenu une habitude. Cette « façon » de voir les choses s’appelle le stoïcisme. Cette philosophie antique enseigne que le bonheur vient de la maîtrise de soi plutôt que de chercher à changer le monde extérieur. Cela revient à dire qu’il faut « faire avec », tournure de phrase que l’on retrouve très fréquemment dans nos conversations. Si la résilience semble être utile en période de crise, le stoïcisme permettrait de trouver une sérénité durable. Affronter une période de crise tout en essayant de trouver une forme de paix en faisant avec ce que l’on a, voilà qui fait penser à ce qui devrait être le fondement d’hypothétiques discussions concernant l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Mais pour cela, il va nous falloir retrouver la paix, et pas seulement la paix sécuritaire, car comme l’écrivait l’empereur romain Marc Aurèle, grand stoïcien devant l’éternel, « qui vit en paix avec lui-même vit en paix avec l’Univers ». À méditer.
Lionel Sabot