« L’homme naît naturellement bon et heureux, c’est la société qui le corrompt et le rend malheureux* » : c’est la grande maxime du philosophe Jean-Jacques Rousseau, un peu mise parfois à toutes les sauces. Mais c’est un peu ce que professent les indépendantistes et tous ceux qui gravitent autour pour expliquer les causes de l’insurrection du 13 mai. Il nous est ainsi expliqué que si les émeutes ont éclaté, et qu’elles ont été « l’œuvre » des « jeunes », c’est parce que la « société coloniale » les a conduits à être désœuvrés, déscolarisés, déracinés, et qu’ils ont manifesté leur mal-être dans la destruction et la haine. Outre que l’on retrouve là, la « logique victimaire » habituelle du « peuple colonisé », c’est surtout totalement faux bien sûr. Même si l’école n’est pas exempte de critiques, elle offre les mêmes chances à tout le monde, encore faut-il que ce tout le monde s’en saisisse. Ça n’est par hasard que tant d’établissements scolaires ont été détruits, puisque ces « jeunes » y voyaient un symbole de colonisation. Jean-Jacques Rousseau ne voyait pas dans la société, même corruptrice, la matrice au déchaînement de haine, tel que nous l’avons connu depuis le 13 mai.
* « Discours sur les sciences et les arts », texte écrit en 1749 et publié l’année suivante.
Nicolas Vignoles