C’est la raison invoquée par ce prévenu de 28 ans pour justifier son action : s’être montré violent contre des militaires le 16 août à Poya.
Elle ne l’a pas remarqué car elle regardait devant, en direction des trois juges à convaincre. Si elle avait des yeux dans le dos, Me Alexe-Sandra Vu aurait constaté que, tout au long de sa plaidoirie, d’une dizaine de minutes, un soutien de la victime n’a cessé de hocher la tête, approuvant chacun de ses arguments. « Il y a une méprise des uns et des autres », entame-t-elle dans cette audience de fin août, au tribunal de Nouméa. « Aujourd’hui », poursuite l’avocate, « il n’y a plus de dialogue entre les coutumiers et les forces de l’ordre ». Jusqu’au début de la période insurrectionnelle (toujours en cours après dix-sept semaines), la tribu, qui est « un peu quelque chose de sacré », les gendarmes y rentraient rarement sans en informer au préalable la chefferie. C’est ainsi : en Calédonie, « le droit coutumier » cohabite avec « le droit de propriété ». Résultat, complexe : « On a un îlot de coutumes dans un océan de droit français, et ça, il faut le comprendre », insiste Me Vu. « On est dans une psychose depuis un certain temps », avec « une radicalisation des deux côtés ». Certes, la « réaction » de ce jeune homme, ce 16 août, « reste totalement disproportionnée » mais elle est à remettre « dans un contexte où tout le monde perd un peu ses repères ». Son client, « il comprend bien les choses quand on prend le temps de lui expliquer ». Il n’a « pas de casier » (il est néanmoins sous contrôle judiciaire, dans l’attente d’un procès pour le meurtre par balle d’un frère souffrant de schizophrénie), « ce n’est pas quelqu’un qui est aux manettes de tout ça ».
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Anthony Fillet