Sylvain Hons est à la tête de la Fédération calédonienne des parents d’élèves (FCPE) depuis de très nombreuses années. Fin connaisseur du système éducatif calédonien, il évoque avec nous la violente tempête que traverse aujourd’hui le territoire.
La voix du Caillou : Comment avez-vous vécu les semaines, les mois très difficiles que vient de vivre la Nouvelle-Calédonie ?
Sylvain Hons : Très mal ! Ce qui s’est passé ces dernières semaines, c’est écœurant. Nous avons toujours dit, avec d’autres associations de parents d’élèves, que l’école devait être un endroit sanctuarisé, qu’on ne devait pas toucher à l’école ! Aujourd’hui tout a été brûlé, saccagé, dégradé, c’est inconcevable. On ne peut pas l’accepter et on ne l’acceptera jamais. Brûler des écoles, des lycées, des collèges, c’est aussi choquant que de brûler des églises, il y a un vrai symbole. Aujourd’hui certains parents se plaignent, mais est-ce que ces parents ont fait leur « boulot » de parents ? On dit souvent que les émeutiers sont des mineurs, donc sous la responsabilité de leurs parents. Si les parents avaient voulu, ils auraient pu faire quelque chose. Je trouve que ce qui s’est passé c’est abominable et ça va être compliqué d’essayer de passer à autre chose parce qu’on n’oubliera jamais.
LVDC : Ces émeutes, ces violences ont porté un coup au « vivre-ensemble » ?
SH : Le vivre-ensemble, il va falloir le reconstruire. Les émeutiers ont pris la responsabilité de véritablement faire une fracture dans la société, dans la population. Le vivre ensemble ça va être très compliqué parce qu’on veut bien essayer de relancer les choses et de reconstruire, mais avec qui ? Cela se ressent aujourd’hui dans les établissements scolaires. Comment doivent se comporter les enseignants, les directeurs d’établissement qui pour certains ont été pris à partie ou insultés par des enfants ou par des parents qui se trouvaient sur les barrages ? Une chose est certaine c’est que ça ne va pas être simple. Aujourd’hui, je suis en colère parce que je ne comprends pas ! J’ai discuté avec des chefs d’établissement, je les ai vu pleurer, quand ils ont appris que leur collège, leur école avaient brulés. Je les ai vu craquer en se demandant, qu’est-ce qu’on a fait de mal ? Qu’est-ce qu’on a raté pour en arriver là ?
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Propos recueillis par Lionel Sabot