« On est toujours rattrapé par la justice… »

Les locaux de la police municipale de Dumbéa ? Pris d’assaut puis occupés, pillés, détruits et incendiés, les 23 et 24 juin, par une soixantaine d’émeutiers. Quatre d’entre eux, habitant la commune, étaient jugés jeudi par le tribunal correctionnel de Nouméa.

Le plus étonnant ? Peut-être le carnet de contraventions. Volé par un émeutier, puis utilisé. « J’ai mis des amendes dans le quartier. » Pas de cadeau, « des amendes à 15 000 ! » Un autre est reparti avec un étui de talkie-walkie : « stylé » et pratique « pour poser la boîte de pâté » lorsqu’il part à « la chasse » ou « à la pêche ». Les chaussures de sécurité ? Idéal, là encore, pour des sorties nature. Les polos ? « Un trophée. » Les stylos ? « Pour les enfants. » Le groupe électrogène ? « Pour chez moi », finalement venu consolider un barrage et brûlé. La radio ? Pour entendre « ce que disent les policiers ». Les boissons, gâteaux, bonbons, dans le distributeur ouvert avec un pied de biche ? Avalés ! Les 3 000 francs se trouvant à l’intérieur ? Partagés.

« C’est l’alcool, j’avais bu. J’ai agi sans réfléchir », dit le plus jeune. « Le problème, c’est qu’il se passe beaucoup de choses en Calédonie » depuis deux mois, « et à force de ne pas réfléchir on ne s’en sort pas », lui oppose le président du tribunal, Philippe Guislain. « C’est terrible, c’est affligeant, ça fait des dégâts », la Calédonie « souffre depuis deux mois et on ne sait pas comment elle va s’en remettre », poursuit le magistrat. « Vous savez que ça ne va pas vous donner une médaille et des félicitations à la fin », ajoute-t-il à l’adresse d’un des prévenus. « Oui, je reconnais que ce n’est pas la meilleure des actions. Je regrette, je m’excuse », répond le mis en cause. « Je pensais qu’il n’y avait personne qui allait nous voir, qu’on allait prendre » ce qu’il restait sur place « et que c’était fini », que ce serait sans conséquence. « Mais voilà, on est toujours rattrapé par la justice… » Ont-ils suivi des ordres ? Ce soir-là, « des grands frères nous ont donné comme consignes de faire n’importe quoi ». Consignes suivies à la lettre.

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Anthony Fillet

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