Dans le paysage décharné de la Nouvelle-Calédonie, où le tourisme plombé par les émeutes risque fort de ne pas s’en remettre, les Calédoniens n’ont plus guère d’échappatoire. Otages de la CCAT, mobilisés à défendre leurs quartiers, agressés, menacés, cambriolés, dépouillés, les Calédoniens, en particulier ceux de Nouméa et de l’agglomération, n’ont plus guère de perspectives, et encore moins quand leurs entreprises dévastées, ils se retrouvent sans travail. Beaucoup songent à fuir cet endroit de désolation, et certains l’ont déjà fait, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Plus rien n’existe autour d’eux pour s’échapper, ne serait-ce qu’un moment, de l’atmosphère empoisonnée dans laquelle nous a plongé la CCAT et ses « actions », et pourtant les Calédoniens ont besoin de reprendre leur souffle, de se dire que l’on peut retrouver une vie normale, loin de la haine et de la terreur. Alors ils regardent autour d’eux, mais dans le désert vivant qui est maintenant le nôtre, ne reste plus que l’Anse-Vata dont les établissements, midi et soir, se remplissent de monde qui veut essayer d’oublier ne serait-ce qu’un moment, l’enfer du quotidien dont on ignore toujours combien de temps il va durer.
Nicolas Vignoles