« Bande de sales blancs » : un homme envoyé derrière les barreaux pour des « insultes racistes »

Un père de famille de 37 ans a écopé de six mois de prison ferme pour des menaces de mort et des saillies racistes envers des gendarmes mobiles à Nouméa, le 27 mai dernier.

Des mots qu’il a « balancé comme ça ». Des paroles « en l’air » certes, mais qui tombent sous le coup de la loi. Le tribunal correctionnel de Nouméa a condamné à la peine de six mois de prison ferme un homme de 37 ans pour des menaces de mort ponctuées d’insultes racistes à l’égard de gendarmes mobiles, à Nouméa. La juridiction a également décerné un mandat de dépôt à l’encontre de ce père de famille au chômage, qui n’avait jamais été incarcéré jusqu’alors.

Cette peine constitue vraisemblablement une première au sein du palais de justice de Nouméa depuis le début des émeutes. Elle pourrait ainsi donner crédit à ceux qui dénoncent une certaine forme de racisme anti-blanc qui serait décomplexé. « Trouvez un Calédonien blanc qui a vécu en Nouvelle-Calédonie, posez-lui la question, a-t-il été insulté de ‘’sale blanc’’, voire pire. Chaque fois, il dira oui », avait récemment déclaré sur la radio RTL le député Nicolas Metzdorf, candidat dans la première circonscription.

Il mime un geste d’égorgement

Le lundi 27 mai, le trentenaire veut traverser la Savexpress mais il en est empêché par des gendarmes mobiles qui venaient d’être appelés en renfort pour sécuriser la route après le jet de plusieurs cocktails molotov. Passablement éméché « pour la Fête des mères » qui avait lieu la veille, le prévenu ne supporte pas les ordres des gendarmes. « Bande de sales blancs, je vais vous tuer. Vous êtes morts », hurle-t-il en « mimant un geste d’égorgement avec son pouce » et en multipliant les insultes et les provocations.

L’un des militaires se souvient de la scène. « Nous lui avons dit poliment que c’était dangereux de traverser. Il m’a fixé dans les yeux et il m’a dit : ‘’toi t’es mort’’. Ces menaces sont quotidiennes, nous exerçons dans un contexte particulièrement hostile », décrit le témoin. En garde à vue, le prévenu a prétexté avoir prononcé ces propos nauséabonds sous le coup de l’énervement, « parce que les gendarmes m’ont mis en joue avec les flash-balls. J’ai dit ça comme ça, c’étaient des mots en l’air. »

Une circonstance aggravante

Dans le cas précis de ce dossier, le parquet a décidé de renvoyer le prévenu devant le tribunal pour des menaces de mort et d’utiliser un article du Code pénal qui prévoit une circonstance aggravante lorsque l’infraction est commise « à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».

Le procureur de la République, Richard Dutot, ne peut pas supporter ces « insultes raciales » qui, à l’entendre, « ne peuvent pas s’expliquer uniquement par une forte consommation d’alcool ». Le magistrat le dit sans ménagement : « C’est du racisme anti-blanc. Cet homme n’accepte pas les couleurs de peau différentes de la sienne. C’est bien dommageable. On aurait pu croire que les leçons de l’histoire du XXe siècle avaient été retenues. »

Un an de prison ferme est réclamé à la juridiction contre « ce prévenu qui est à l’évidence un raciste ». Un constat vivement critiqué de l’autre côté de la barre. L’avocate de la défense met en avant « des insultes banales » qui sont « monnaie courante » en Nouvelle-Calédonie. « Est-ce profondément raciste ? Vous apprécierez. Ici, nous parlons des ethnies, des Javanais, des Wallisiens, des Kanak, des Vietnamiens…»

Quelques minutes de délibéré suffiront au tribunal pour le reconnaître coupable. Pour préjudice moral, il devra verser 15 000 francs au gendarme menacé de mort. Une peine qui s’ajoute donc à celle de six mois de prison ferme.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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