Si, globalement, le calme demeure dans les communes situées en Brousse, celles-ci subissent de plein fouet les conséquences liées aux désagréments de circulation. En réaction, des ravitaillements sont organisés de part et d’autre de la Grande Terre, depuis quelques jours, pour réalimenter les commerces et stations-service.
Après trois semaines d’émeutes et de tensions localisées dans le Grand Nouméa, les communes de Brousse restent épargnées – dans leur globalité – par les incendies et les violences. Ceci étant, elles doivent, néanmoins, faire face à d’autres difficultés.
La principale, commune à l’ensemble du territoire, est la problématique liée à l’approvisionnement en denrées alimentaires, en médicaments, et en carburant. Les barrages dressés sur la route empêchant leur circulation. Des transports maritimes ont été affrétés depuis pluiseurs jours par les institutions pour ravitailler les communes dans le besoin. Ainsi, ce mercredi matin, une barge est arrivée à Bourail, apportant avec elle 140 tonnes de carburant, des semences de pommes de terre, ainsi que 8 tonnes de denrées alimentaires. Une opération permise « grâce à une collaboration entre le syndicat des agriculteurs de Bourail, la Chambre d’Agriculture et de la Pêche, et l’Agence rurale », informe Patrick Robelin, maire de la commune. Ce système « gagnant-gagnant » permet également de ravitailler Nouméa en produits frais, et pourrait être reconduit « une fois par semaine » si les barrages (l’un tenu par « les loyalistes » au sud de la commune, l’autre par la CCAT au nord) se maintiennent.
« Il n’y a plus rien dans les distributeurs »
A La Foa, si le marché municipal permet d’approvisionner en fruits et légumes les habitants de la commune, le carburant vient cruellement à manquer. « Jeudi dernier, une certaine quantité est arrivée par barge, mais les stations ont été dévalisées » par les clients, raconte Florence Rolland, maire de la commune.
A Thio, les mêmes problématiques sont soulevées, en plus d’une difficulté à retirer de l’argent liquide. « L’agence OPT est ouverte, mais il n’y a plus rien dans les distributeurs. Les habitants sont obligés d’aller jusqu’à Boulouparis pour retirer de l’argent. Nous sommes en train de chercher une solution à ce souci », indique Jean-Patrick Toura, mairie de Thio.
« Il faut être réactif »
En province Nord, des opérations de ravitaillement sont également organisées par la province, en lien avec le gouvernement et les relais CCAT. C’est le cas notamment à Poya, où les stations ont pu être ravitaillées en essence ce mercredi matin. « C’était important d’en avoir, car jusqu’à présent, le manque de carburant ça bloquait beaucoup les habitants pour se déplacer, ne serait-ce que pour aller faire des courses… En ce sens, à la mairie, nous avons organisé la semaine dernière le déplacement d’un car de 50 places, pour que les personnes de la commune puissent aller faire leurs achats dans les grandes enseignes commerciales à Koné », informe Evelyne Goro-Atu, maire de la commune, qui agit également sur l’aspect sanitaire, en prévoyant d’organiser, dès la semaine prochaine, le transport des « personnes prioritaires » vers le CMS de Poya. « Il faut être réactif », commente la maire.
Les petits magasins attendent le grand bateau
En parallèle, dans certaines communes, de petits commerçants font eux-mêmes le trajet jusqu’à Nouméa pour se ravitailler en aliments. C’est le cas à Kouaoua, où « un commerçant se déplace avec son fourgon personnel, pour ramener des vivres », indique Alcide Ponga, maire de la commune.
En outre, ce jeudi, le navire D’Entrecasteaux – parti de la pointe Chaleix, à Nouméa – devrait arriver au port de Vavouto, à Voh, avec, à son bord, des marchandises pour alimenter les petites enseignes de la côte Est et de la zone VKP. « Les grandes enseignes ont, elles, été ravitaillées lors d’un premier trajet organisé la semaine dernière », informe Evelyne Goro-Atu.
Une journée de tension à Boulouparis
Ce mercredi, sur la commune de Boulouparis, les échanges se sont tendus entre les forces de l’ordre et des militants de la CCAT. A la suite d’une manifestation tenue en matinée par ces derniers (une quarantaine de personnes), devant la gendarmerie de Boulouparis, les gendarmes sont intervenues pour leur demander de se disperser. En réaction, « des cailloux ont été lancés sur les forces de l’ordre. Lesquels ont riposté avec des grenades et du gaz lacrymogène », nous explique une source qui souhaite rester anonyme. En revanche, aucun bâtiment n’a été attaqué, et « les choses sont rapidement revenues à la normale ». Cet épisode intervient quelques jours après l’interpellation de trois personnes originaires de la commune, condamnées pour s’en être pris aux forces de l’ordre durant une opération de déblaiement du barrage situé à l’intersection avec la route menant à Thio.
Nikita Hoffmann