Voilà bientôt 21 ans que j’ai posé mes valises en Nouvelle-Calédonie. Journaliste, j’ai construit ma vie ici. Ma vie qui comme celle de nombreuses personnes a « basculé » le 13 mai 2024. Mettant ma profession de côté quelques semaines, moi Lionel Sabot, je suis devenu voisin vigilant dans mon quartier du Grand Nouméa, comme tant d’autres Calédoniens dans la période.
C’est assez curieux, mais j’ai mis un ou deux jours, pour me rendre sur le « barrage » de mon quartier là juste au bout de la rue. Je crois que tout simplement, passé la sidération des premières nuits de terrorisme, je crois que j’ai tout simplement eu peur. À lire 24h / 24 ce qui se disait, sur les réseaux sociaux, sur les sites d’informations « officiels », j’ai eu peur, oui simplement peur. Mon cerveau reptilien a pris le dessus pendant 72 heures et j’ai mis du temps à retrouver mes esprits. Oui j’ai eu peur pour ma vie, mais surtout peur pour ma fille, ma compagne et ma belle-fille. Peur pour notre maison, peur pour tout ce que nous avons construit ici depuis plus de 20 ans. Mais finalement, aller sur le barrage de ma rue m’a fait le plus grand bien, je ne sais pas trop pourquoi, mais j’ai eu immédiatement l’impression d’exorciser quelque chose, j’ai eu l’impression qu’au milieu de toute cette « chienlit » je servais un peu à quelque chose, que finalement j’apportais un peu ma pierre de l’édifice, alors que tout s’était écroulé autour de nous.
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Lionel Sabot