« Des risques de dérapages, de part et d’autre »

Vingtième jour de crise sécuritaire, et la situation n’est toujours pas redevenue paisible. Samedi soir et dans la nuit, de nouveaux incendies ont éclairé Païta. L’auto-école, dans le village, est notamment partie en fumée.

Chaque jour qui passe depuis le début de cette insurrection, la nuit tombe de plus en plus tôt. Le soleil part se coucher avant le couvre-feu, en vigueur de 18 h à 6 h. Dès que cela devient sombre, les problèmes recommencent, nuit après nuit maintenant que c’est plus calme en journée.

Samedi soir, « il y a eu un peu une confusion », explique le directeur de cabinet de la mairie de Païta, Antoine Romain : des habitants « ont pensé que c’était l’agence OPT qui brûlait. Ça n’est pas le cas, elle n’a subi aucun dommage, mais ça se passait juste en face. » Ce qui a pris feu, au village, c’est « l’auto-école », la seule de la commune. Elle n’existe plus. Des véhicules ont été calcinées. Les flammes se sont propagées dans un bâtiment voisin, « un petit commerce d’alimentation », qui serait partiellement détruit. « Les pompiers sont intervenus », seuls puis avec l’appui de gendarmes, « sans heurts ». « La ligne » directrice « pour nos pompiers », en cas de « feu de bâtiment », « c’est qu’ils essaient d’intervenir systématiquement, sauf s’ils sont pris en partie ».

« Il y a régulièrement des voitures qui brûlent »

En milieu de week-end, donc, l’auto-école a brûlé, un magasin l’a été en partie, des mouvements de jeunes ont été constatés, tout ça dans le village. Cela a été chaud aussi « aux abords du quartier » de Scheffleras, « à côté du nouveau petit centre commercial de la Gare, au début du Mont-Mou » : des individus « ont mis le feu à une carcasse » de voiture, avec probablement en plus « des pneus et de l’essence, donc ça faisait un feu important ». C’était « vers 18-20 h ». Dans ce secteur, « il y a régulièrement des voitures qui brûlent ». Contrairement à la rumeur qui s’est rapidement propagée, le centre commercial n’a pas été touché : « ça s’est limité à la chaussée », rassure le directeur de cabinet.

« Des forces extrêmement conséquentes, du type Saint-Louis »

Autre point compliqué sur la commune : la RT1, menant à La Tontouta. « Il y a des interventions quasi quotidiennes des forces de l’ordre sur certains points de barrage. Il y en a quatre dans le col de la Pirogue, essentiellement sur le versant nord, c’est-à-dire du sommet du col jusqu’à La Tamoa. Il y a des interventions, mais généralement les barrages se remettent en place après les passages » des blindés de la gendarmerie. La stratégie des militaires : une « technique dite de harcèlement, avant nettoyage ». Le problème pourra-t-il être réglé rapidement ? « Si jamais les forces de l’ordre veulent libérer l’axe RT1, qui reste une priorité depuis trois semaines, cela demandera », pense-t-il, « des forces extrêmement conséquentes, du type Saint-Louis », dans le sens où « en bas du col de la Pirogue » la route « passe à 30 mètres de la tribu », donc situation potentiellement explosive.

« Vous ne savez jamais si ça va passer »

Solution bis : la route du littoral, « où là vous passez carrément au milieu de la tribu de N’Dé », où ça a encore été difficile dans la nuit de samedi à dimanche, avec a priori un émeutier blessé par un tir (chevrotine) lors d’un conflit sur un barrage. Donc « il y a des gens qui passent, il y a des qui gens qui ne passent pas, il y a des gens qui ont peur d’y aller ». Sur place, « il y a des barrages qui a priori sont filtrants ». Autre difficulté : cette petite route, en arrivant sur Païta, débouche sur « l’échangeur nord, qui fait l’objet depuis six jours maintenant d’interventions quotidiennes des forces de l’ordre », qui « ont enlevé beaucoup de carcasses ». Derrière, des barrages « sont remis en place, moins massivement que les premiers jours » mais tout de même. « Des carcasses » sont réinstallées, « elles viennent dont on ne sait où » . Résultat : sur la RT1 comme sur la route du littoral, « vous ne savez jamais si ça va passer, pas passer… »

« Une mobilisation qui se poursuit »

En résumé, « à ce jour, je n’ai pas vu, sur Païta, de mot d’ordre de levée des barrages », observe Antoine Romain. « Il y a une mobilisation qui se poursuit. Elle prend la forme non pas de barrages bloquants mais de barrages filtrants, avec toutes les problématiques que ça crée en termes de difficulté d’utilisation de la voirie, de peur et de crainte légitimes des usagers de la route, parce que ça ne fait plaisir à personne de se faire fouiller sa bagnole. Déjà, par les forces de l’ordre, les gens n’aiment pas se faire fouiller leur voiture », alors « quand ce sont les gens de la CCAT qui fouillent votre voiture » ça passe encore moins. « Ça crée des points objectivement dangereux, avec des risques de dérapages, de part et d’autre, clairement. »


La commune de Païta lourdement touchée

La « mairie » en partie brûlée et détruite, le « magasin Korail » qui « n’a pas brûlé » mais qui a été « entièrement dévasté » car les émeutiers « sont rentrés à l’intérieur avec des engins », « l’agence OPT, la quincaillerie, le magasin d’électronique et de téléphonie, le snack, l’auto-école, le magasin à côté : tout ça, c’est mort », déplore Antoine Romain. Il y a aussi, « vers la gendarmerie, quelques commerces qui eux ont été partiellement visités mais pas enflammés ». Voilà pour le village. En revanche, dans les « trois zones industrielles », il y a « eu peu de dégâts, car protégées » par des voisins vigilants et des salariés.



Anthony Fillet

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