Deux forts soupçons de violences policières

Une vidéo tournant sur les réseaux sociaux montre un membre des forces de l’ordre, appartenant à la police municipale, asséner un violent coup de pied à la tête d’un homme menotté. Une enquête a été ouverte.

Depuis mardi soir, la vidéo se répand comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, le tout dans un contexte explosif. Difficile de savoir de quand elle date précisément, même s’il semblerait que ce soit au cours des derniers jours. Compliqué de savoir où elle a été filmée également. Selon nos confrères de Nouvelle Calédonie La 1ère, la scène se serait déroulée rue Jacques-Iekawé, à Nouméa, vers le 6e Km. Une chose est sûre, cette vidéo laisse planer le doute sur une éventuelle bavure policière.

Sur les images, on y voit un homme entouré par trois membres des forces de sécurité intérieure. Des policiers, visiblement. Il apparaît menotté et finit par s’asseoir. Quelques secondes seulement après, sans raison apparente ce dernier reçoit un violent coup de pied au visage de la part d’un policier. La tête du citoyen part violemment en arrière, le laissant amorphe au sol. Inconscient ? Impossible de l’affirmer alors que la vidéo, tournée depuis un logement en hauteur situé aux alentours, est de basse qualité.

Dans la foulée, la tension semble monter. Des bruits résonnent et l’un des trois policiers, au moment même où un fourgon arrive, prend une posture plus défensive, comme s’il cherchait à protéger le véhicule.

“Cette procédure sera traitée avec toute la rigueur attendue”

Le procureur de la République a annoncé l’ouverture d’une enquête diligentée par la direction territoriale de la police nationale des chefs de violence par personne dépositaire de l’autorité publique et non-assistance à personne en péril mettant en cause des agents de la police municipale.

Le parquet a fait procéder à des vérifications sur l’authenticité de cet enregistrement audiovisuel diffusé sur les réseaux sociaux. “Les premières investigations permettent d’établir que cette scène de violence s’est déroulée au cours de la nuit du 25 au 26 mai 2024, au 6e Km face à l’établissement La Cave, à l’issue de l’interpellation de plusieurs auteurs présumés d’une tentative de vol”, explique le procureur dans un communiqué. “La direction de la police municipale a adressé un signalement au procureur de la République à titre de dénonciation sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale.”

“Cette procédure sera traitée avec toute la rigueur attendue”, assure Yves Dupas, rappelant qu’il s’agit de “la première procédure établie sur ce type de faits”.

Un premier événement le 23 mai

Pourtant, jeudi 23 mai, l’un des journalistes de La voix du Caillou avait déjà pu observer de ses propres yeux une scène dérangeante lors d’un tour sur la promenade Roger-Laroque, à l’Anse-Vata. Un homme, a priori largement alcoolisé, d’origine kanak, a occupé son après-midi à insulter les passants, créant lors de ses différents passages des mouvements de foule. Trois membres des forces de l’ordre, alors en civil, ont suivi de près l’individu pour le surveiller, tout en appelant la police pour intervenir. Si jusque-là l’histoire se déroule sans encombre, l’arrivée des policiers, dans un fourgon siglé de la police municipale, un peu avant 18 heures, donne une tournure plus violente. Alors que l’homme continuait de marcher en proférant des insultes, il se retrouve nez à nez avec les forces de l’ordre, en tenue. C’est alors que l’un des policiers en civil se jette sur lui et lui assène un coup de poing, le faisant vaciller dans les plantes voisines. Il lui adresse ensuite un second coup, avec son bras et moins fort que le premier, avant de l’immobiliser au sol avec son genou. Pendant ce temps, les trois policiers en tenue sont restés debout, passifs, à regarder la scène.

L’homme, qui lorsqu’il a été relevé par le policier qui l’a frappé, avait le pantalon baissé jusqu’aux genoux, a ensuite été emmené sur le parking derrière le complexe de La promenade. Quelques secondes plus tard, les protagonistes sont repartis chacun de leur côté. L’homme frappé n’a pas été interpellé.

A-t-il déposé plainte pour violences policières ? Lors de différentes interventions médiatiques ces derniers jours, le procureur de la République, Yves Dupas, a précisé qu’il n’avait pas eu, à ce stade, connaissance de personnes ayant porté plainte contre des membres des forces de l’ordre.

Un mois plus tôt, dans un autre contexte

C’était fin avril, au tribunal de Nouméa. « Ça n’excuse pas mon comportement » et « ce n’est pas pour dénoncer la police, mais il y a des policiers qui nous interpellent de manière décente » et d’autres non, faisait remarquer une prévenue, accusée d’avoir mordu deux policiers municipaux lors d’une interpellation dans la capitale. « Normalement, s’ils ne font pas les tendus, ça se passe bien… » Or, là, « ils ont éteint la lumière du fourgon et à l’intérieur ils nous ont ”nid de guêpés” », dénonçait la jeune femme, à la barre du tribunal. Leur avocat, Stéphane Bonono, s’engouffrait dans la brèche. « Il y a peut-être une ambiance au sein de la police municipale » qui pousse les agents à abuser de la violence, car « c’est assez redondant » d’entendre ce genre de récit, relevait-il. Les policiers, eux, niaient en bloc les accusations, soutenus par la présidente du tribunal, qui rappelait qu’il ne faut pas inverser les rôles : les policiers sont bien les victimes dans cette affaire, pas les agresseurs.

Quelques instants plus tôt, Fanny Philibert, vice-procureur, après avoir rappelé le rôle précieux joué quotidiennement par les forces de l’ordre, avait signifié aux mis en cause qu’« il n’y a pas de zone de non-droit », et ce « pour personne » : ainsi, elle a encouragé les prévenus, un frère et une sœur, à déposer plainte s’ils estiment avoir été victimes de brutalité ce jour-là.

Dans une autre affaire, à quelques jours jours d’intervalle de la première, Me Bonono évoquait cette fois une « interpellation musclée », limite violente, avec l’utilisation de deux chiens, alors que « la police elle est là pour donner l’exemple ».

Claire Gaveau, Eloi Coupry, Anthony Fillet 

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