Malgré quatre mort, les assauts contre les forces de l’ordre, les pillages et les incendies ne faiblissent pas

Un gendarme et trois Calédoniens sont décédés par balles dans l’après-midi et la nuit de mercredi. Ces drames n’ont pas empêché les émeutiers de continuer à semer le chaos dans Nouméa et l’agglomération.

Au bout du chaos, des vies enlevées à jamais. La « spirale mortelle » que craignait tant l’État et son représentant Louis Le Franc a fini par emporter le territoire, trois de ses « enfants » et un gendarme, tué parce qu’il est justement gendarme. Depuis lundi soir, on ne comptait plus les commerces et les entreprises pillés, on ne comptait plus les habitations incendiées, désormais, c’est un décompte macabre auquel on doit s’habituer.

Si la nuit de mercredi à jeudi « a été un peu moins violente » que la précédente, a relevé le Haut-commissaire au cours d’une conférence de presse jeudi matin, les affrontements entre « les émeutiers relevant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) et les forces de l’ordre » se sont poursuivis de manière intense, ce qui permet de douter que la vague de violence qui emporte le pays est spontanée, désorganisée et sans leader.

La brigade de Saint-Michel encore ciblée

Plus que jamais, les symboles de l’État sont pilonnés par des assaillants motivés et lourdement armés. Mercredi, plusieurs hommes, sans doute de la tribu de Saint-Louis, ont tenté, à plusieurs reprises, d’envahir la brigade de Saint-Michel (Mont-Dore) pour l’incendier et la détruire et sans des tirs de riposte, en défense, des gendarmes, ils auraient mené à bien leur action. « La CCAT est une organisation de voyous qui se livre à des actes dont la volonté est de tuer des forces de l’ordre », a dit, d’un ton martial, Louis Le Franc.

Si la Brousse est pour l’instant épargnée par cette situation totalement explosive, il n’en reste pas moins que les gendarmes des brigades de Maré ont aussi résisté à des tentatives de déstabilisation plus ou moins violentes. En revanche, à Hienghène et à Pouébo, contrairement à ce qui avait été annoncé précédemment, les brigades n’ont pas été prises pour cible.

Un émeutier désormais assassin

Les morts n’ont, pour l’instant, presque rien changé. La situation est insurrectionnelle dans Nouméa et les communes limitrophes et les motivations de certains de s’en prendre coûte que coûte aux gendarmes et aux policiers n’ont pas faibli. En une seule nuit (celle de mercredi), 64 policiers et gendarmes ont été blessés par des caillassages.

Mais il y a encore pire. Les guet-apens pour enlever la vie de celles et ceux qui portent l’uniforme de la République. Comme dans la soirée de mercredi au cours de laquelle les policiers ont été « piégés » à Nouville, a raconté le haut-commissaire. Après un coup de fil leur signalant un incendie au Sénat coutumier, les forces de l’ordre se sont rendues en urgence sur un barrage et ont été « accueillies par des tirs nourris de carabine de grande chasse et de fusil de grande chasse. Des dizaines de tirs qui auraient pu provoquer des morts parmi les policiers. L’incendie du Sénat coutumier ? Il n’en était rien. C’était un piège pour tuer ».

Au Mont-Dore, ce fut le cas. Un gendarme mobile de 22 ans, appartenant à l’escadron de Melun et affecté au DSI de Plum, a été touché d’une balle en pleine tête. Avec ses collègues, il venait de repousser des émeutiers qui voulaient s’en prendre à des commerces. Des « vieux » sont ensuite venus parler avec les hommes en uniforme et c’est à ce moment-là que la victime a été touchée par un tir d’un homme positionné à plusieurs dizaines de mètres. Devenu désormais un assassin, il est activement traqué.

« La CCAT a mis à genou le territoire »

La nuit a aussi été longue et éprouvante puisque les pillages et les incendies ont continué. A Païta, par exemple, la mairie, le centre de dialyse ou encore le dispensaire sont partis en fumée. « Les habitations brûlées, on ne les compte plus », a concédé le haussaire. Dans certains quartiers, comme à la Vallée-du-Tir, des familles sont infiltrées de crainte que leurs habitations soient incendiées.

« Les hordes d’assaillants ont jeté leur dévolu » sur les commerces, les sociétés et les bâtiments publics, « la CCAT a mis à genou le territoire ». D’après le décompte des policiers et gendarmes, les émeutiers seraient entre 3000 et 4000 à Nouméa et 5000 dans le Grand Nouméa. Des chiffres ensuite remis en cause par le Haut-commissariat quelques heures plus tard. Parmi eux, 165 ont été interpellés dans la capitale et 49 dans les communes limitrophes.

Ce saccage généralisé a conduit une grande partie de la population à se barricader dans leurs quartiers, bloquant les rues avec du matériel de chantier, des véhicules, des branchages et toutes sortes d’objets. Certains les appellent les « milices ». D’autres, des « groupes d’autodéfense ». Ou encore des « voisins vigilants ». Toujours est-il que ces Calédoniens inquiets se relaient jour et nuit – en infraction avec le couvre-feu – pour éviter que des jeunes ne viennent à s’en prendre à eux. Certains sont armés de bâtons, de couteaux, d’autres d’armes à feu.

Un nouvel appel au calme

La journée de mercredi a ainsi vu trois personnes touchées mortellement par des tirs qui ne provenaient pas des forces de l’ordre mais de particuliers. Un homme de 36 ans est décédé à Kaméré. Un homme de 20 ans et une femme de 17 ans ont également perdu la vie au niveau de l’impasse Balard, à Ducos. Il est encore difficile et trop tôt pour dire quelles ont été les circonstances de ces drames et les enquêtes judiciaires permettront d’en savoir plus. Un nouvel appel au calme a été lancé par l’État et le gouvernement calédonien. Il est encore temps avant de définitivement tomber dans l’abîme.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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