Saluer la mémoire d’un grand homme, c’est bien. Encore faut-il réussir à s’inscrire dans ses pas. Trente-cinq ans après l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou, des dizaines et des dizaines de personnes ont convergé samedi matin vers Tiendanite, sa tribu d’origine à Hienghène, pour rendre hommage au leader indépendantiste… tué parce qu’il n’était pas assez indépendantiste. Un moment d’émotion, un moment de partage, un moment de fête. Et de discussion ? Non, et ce n’était probablement pas le but. Mais, parfois, on rêve que le spectre des derniers Evènements s’éloigne de nouveau. On rêve que la situation s’apaise et que les discussions avancent. On rêve, tout simplement, que chacun se sente chez soi. Si le gouvernement a semble-t-il repris le travail côte à côte, qu’en est-il dans le quotidien de chacun ? Indépendantistes et non-indépendantistes s’opposent encore et encore sur la question du dégel du corps électoral, chacun brandissant son drapeau le plus haut possible. Jusqu’à quand ? Il faudra bien, à un moment, que certains aient le courage de s’asseoir et de discuter. Jean-Marie Tjibaou, lui, l’avait fait.
Claire Gaveau