Quatre syndicats de l’OPT expriment de sérieuses réserves sur le projet de loi visant à améliorer la connectivité dans la région. L’intersyndicale composée de la Fédé, de l’UT-CFE-CGC, de l’USTKE et de l’Usoenc, qualifie le projet de « mortifère ».
Le monde des télécommunications est en constante évolution. De nouvelles technologies, de nouveaux moyens de transport bousculent les systèmes établis. La Nouvelle-Calédonie est elle aussi concernée, ce qui n’est pas sans susciter quelques inquiétudes. Elles ont donc été exprimées hier par l’Intersyndicale de l’OPT, concernant notamment l’impact potentiel des opérateurs satellitaires sur le marché local. Les syndicats préconisent des accords préalables entre ces nouveaux venus et l’OPT.
« L’arrivée de géants » inquiète
L’Office des Postes et Télécommunications (OPT), à travers ses représentants syndicaux, se positionne fermement contre certaines dispositions du récent projet de loi sur la connectivité. Cette législation, destinée à ouvrir le marché à de nouveaux acteurs, notamment des fournisseurs d’accès internet par satellite, pourrait, selon eux, « déstabiliser l’équilibre actuel du marché des télécommunications ». L’intersyndicale, qui inclut des acteurs majeurs tels que la Fédé, l’UT-CFE-CGC, l’USTKE et l’Usoenc, a ouvertement critiqué ce qu’elle perçoit comme une menace à la stabilité économique et au service public offert par l’OPT. « Ce projet de loi pourrait être mortifère pour le secteur. L’arrivée de géants comme Starlink, sans régulation ni partenariat adéquat, risque de bouleverser notre marché sans garantir un service équitable pour tous », explique un porte-parole de l’intersyndicale. Face à ces changements potentiels, les syndicats exigent que tout nouvel opérateur désireux d’entrer sur le marché calédonien établisse des conventions spécifiques avec l’OPT. Cette démarche vise à assurer que toute expansion ou innovation technologique se fasse de manière contrôlée et bénéfique pour tous les Calédoniens.
Vers un débat approfondi en juin
Le sujet de cette régulation et des défis associés à l’ouverture du marché devrait être abordé de manière approfondie lors des prochaines Assises des télécommunications, prévues pour juin. Ces discussions seront cruciales pour déterminer la forme future que pourrait prendre la politique de télécommunication en Nouvelle-Calédonie et pour assurer que l’incorporation de technologies avancées comme la connectivité satellitaire se fasse de manière réfléchie et inclusive. Les inquiétudes des syndicats ne se limitent pas seulement aux aspects économiques et à la qualité du service, mais s’étendent également aux implications à long terme des changements législatifs.
Kendjy Togna, de l’USTKE, souligne la nécessité d’adapter la législation aux nouveaux défis : « avec l’arrivée de nouveaux paradigmes », dit-il, « les politiques doivent faire bouger le code ». Cette déclaration révèle une reconnaissance du besoin d’évolution dans la régulation, mais avec une prudence quant aux modalités de cette évolution. Pour sa part, Virginie Barreau, de la CFE-CGC, évoque une transformation plus introspective : « la transformation ne peut se faire que de l’intérieur », dit-elle, en appelant les décideurs à adopter « une vision à long terme ». Ses commentaires mettent l’accent sur l’importance d’une approche réfléchie et planifiée, suggérant que tout changement dans le secteur doit être minutieusement considéré pour assurer une adaptation.
Starlink en Calédonie ?
Le projet de loi encore à l’étude pourrait permettre l’arrivée en Nouvelle-Calédonie d’un certain nombre de fournisseurs d’accès, en particulier Starlink. Filiale du groupe SpaceX, Starlink est le premier fournisseur d’Internet par satellite placé en orbite basse (près de la Terre). En 2025, l’entreprise aura déployé 12 000 satellites autour de la planète, avec un objectif de 42 000. L’objectif recherché est de pouvoir faire bénéficier les zones les moins densément peuplées de la planète d’un internet haut débit.
Margaux Lorenzini