Les dix ans de la charte du peuple kanak

Ce week-end se tenait l’Assemblée du peuple kanak au centre Tjibaou. Elle a été consacrée essentiellement aux dix ans de la signature de la « charte du peuple kanak ».

Signée en 2014 par le président du Sénat coutumier de l’époque, Charles Vakié, la charte du peuple kanak, fêtait donc ses dix ans. A cette occasion, l’ensemble des autorités coutumières des huit aires étaient réunies à l’initiative du Sénat coutumier pour dresser un bilan de la charte et établir une nouvelle feuille de route. Si l’on en croit les propos de l’actuel président, Victor Gogny, invité samedi du journal télévisé de NC La 1ère, les résultats de cette charte sont pour le moins mitigés. Défini comme un texte « fondateur et historique », force est de constater que la charte du peuple kanak n’a pas « infusé » dans la société, et n’a même pas été saisie par les partis politiques, y compris indépendantistes. Cette charte, présentée comme le pendant calédonien du traité de Waitangi, n’a d’ailleurs pas été lue par grand-monde, et n’a pas non plus été revisitée, modifiée ou augmentée.

Les grands défis à relever

La réunion de samedi, à laquelle les autres communautés étaient invitées, a été l’occasion de faire le point sur certains « manques ». Le président du Sénat Coutumier a ainsi insisté sur le problème de l’illettrisme, et celui de la déshérence d’une partie de la jeunesse, soulignant que plus de 95% des détenus du Camp-Est étaient d’origine kanak. C’est également ce sur quoi a insisté le président du gouvernement. Louis Mapou a estimé que « cette charte est l’aboutissement d’une parole qui a circulé et qui fait l’objet d’échanges en profondeur à l’intérieur du pays ». Il y a vu une réalisation « qui marque une grande étape depuis la fin de l’indigénat dans l’évolution de la société kanak et surtout du système coutumier qui le gère. Elle a initié, à mon sens, l’ère d’une parole collective commune et nécessaire face à autrui et dans le cadre de la construction de notre société. Cette parole est sollicitée, attendue. Elle inspire et imprègne de plus en plus. » Mais il a aussi insisté sur le travail qui reste à faire et évoqué les grands défis qui restent à relever pour le système coutumier « qui doit notamment faire face à l’augmentation des sollicitations, mais aussi cohabiter avec les institutions. Par ailleurs, la société kanak est confrontée à des comportements déviants de plus en plus prégnants liés à l’alcool ou aux violences intrafamiliales que le monde coutumier se doit de mieux prendre en compte. Enfin, le règlement des effets liés à l’Histoire avec la résurgence de conflits latents, fait également partie des défis à relever. » Pour Louis Mapou, cité par le gouvernement, « l’esprit de construction doit succéder à la résistance. C’est à cela que nous invite la suite à donner à cette charte, dans le cadre du grand palabre souhaité par le Sénat coutumier. On doit se dépasser dans la relation à l’autre car la société calédonienne est à la recherche d’un équilibre. »


L’Assemblée du peuple kanak

Il y a dix ans, au terme de la présentation officielle de la charte, il était précisé la constitution de l’Assemblée du peuple kanak. Cette dernière « décide dès à présent de confier au Sénat coutumier une mission conventionnelle afin de pouvoir dans les plus brefs délais, d’une part, organiser et renforcer la souveraineté du Peuple Kanak et, d’autre part, redéfinir un cadre mutuellement accepté des relations du Peuple Kanak à l’État français et au Territoire de Nouvelle-Calédonie quel qu’en soit le devenir ».


 

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