« On en a marre de cette violence »

Une marche pacifique et apolitique s’est déroulée samedi matin aux Tours de Magenta.

Un chant d’une beauté, d’une pureté, à vous faire frisonner. Dans la résidence des Tours de Magenta, personne, hormis peut-être les malentendants, n’a pu en ignorer les vibrations samedi matin. Ils étaient une bonne cinquantaine réunis dans le parc central, sous un ciel chargé qui finira vite par mettre ses menaces à exécution. Mais la pluie n’a pas suffi à doucher leur détermination : celle de faire entendre leur voix, pour demander la paix.

« Un problème de fond »

Avant de marcher pour porter leur message aux quatre coins des dix-huit bâtiments (dont deux sont actuellement fermés pour travaux), la manifestation pacifique et apolitique a commencé par de courtes prises de parole. Au micro, Ezecquiel Waneux, dit « Dédé », habitant de longue date (la résidence a été construite au début des années 70) et président de l’association « Mieux vivre à Magenta Tours », à l’initiative du rassemblement. Au micro, ensuite : Alexandre Mirault, directeur de l’agence locale de la Sic, un bailleur qui gère l’ensemble des logements de la résidence, 846 appartements pour une population estimée entre 2 000 et 2 500 personnes, dont désormais une centaine d’étudiants en colocation. Samedi étaient également présentes d’autres associations. « Le message, il est simple : on en a marre de cette violence », résume Alexandre Mirault. Il y a « un problème de fond », celui « de ces mecs qui squattent, qui sont bourrés, qui vendent du cannabis, qui détruisent… »

Ezecquiel Waneux au micro, avec dans son dos Alexandre Mirault.

« Dédé » confirme, évoquant la présence régulière de personnes extérieures au quartier : « les autres viennent ici, c’est famille, c’est amical, mais après, surtout le week-end, c’est cette consommation d’alcool » qui fait dégénérer certaines situations, et ce malgré la présence d’un commissariat à l’entrée de la résidence.

« Un gros sujet sur la parentalité »

Plus globalement, reprend Alexandre Mirault, « c’est une résidence qui s’est vidée : on a environ 20 % de vacance ». Également, « on a une cité qui est devenue mono-ethnique, on a une paupérisation » et « on a un gros sujet sur la parentalité », trop souvent défaillante. Résultat : « aujourd’hui », ce quartier « on en parle trop souvent sous l’œil négatif », alors que « comparativement aux mauvaises choses qui se passent » ici, « il se passe un volume de bonnes choses qui est supérieur ». Le directeur de l’agence de la Sic développe : « Les Tours de Magenta c’est assez particulier, ce n’est pas comme les autres quartiers, il y a vraiment une symbiose entre les locataires et la Sic, c’est le résultat d’un long travail, et aujourd’hui ils se présentent comme locataires partenaires, c’est pour ça qu’aux Tours de Magenta il se passe énormément de trucs. Moi, en deux ans, j’ai reçu tout le monde, jusqu’à Emmanuel Macron, c’est un truc de fou ce qui se passe ici, il y a une dynamique associative » très forte. « Il n’y a pas d’équivalent. » De plus, « c’est un quartier jugé prioritaire par la province, par la mairie, par la Sic ». Des projets existent et devraient prochainement voir le jour : un complexe de padel, une école numérique…

La pluie n’a pas douché leur volonté de se faire entendre.

« Besoin de tout le monde »

« Cette marche, c’est le début », disait « Dédé » samedi matin. « Et à partir de lundi, il y aura un gros bilan » puis « on va se mettre au travail. On a besoin de tout le monde. Déjà, les parents. Ensuite, les coutumiers. Et après, on a les autorités : le gouvernement, la mairie… Il faut faire quelque chose, parce qu’on a encore un peu d’espoir, c’est possible de le faire mais il faut le faire » maintenant avant que la situation ne devienne trop compliquée à améliorer. Et surtout, insiste « Dédé », le faire « avec tout le monde ».


Deux agressions de trop

« Il y a toujours eu des événements », résume « Dédé », mais là, déjà deux graves faits de violence en 2024 c’est trop. « On a eu un employé de la Sic qui s’est fait agresser, frappé avec une barre de fer sur le visage, et ça c’est inacceptable déjà. Et là, dernièrement, il y a un mois et demi, on a eu un petit jeune locataire des Tours qui s’est fait taper par un autre jeune : il est resté quatre semaines dans le coma. Merci Seigneur, il s’en est sorti vivant. Le premier, on sait que ça va. Par contre, le deuxième il faut qu’on aille voir les parents. Je l’ai vu hier (vendredi), il marchait tranquille », rassure néanmoins le président d’association. Concernant l’agent de la Sic agressé, son directeur précise : « ça va, mais il n’a pas repris le boulot », car l’agression, un début de semaine de mi-janvier, a été sauvage. « Il rentre de sa pause déjeuner, il passe devant un bâtiment » et voit un individu « en train de taguer : il lui demande d’arrêter, le mec se retourne et lui met un coup de barre de fer au visage ». Jugé en comparution immédiate, l’individu, 23 ans et déjà connu de la justice, a été condamné à deux ans de prison, dont six mois avec sursis.



Anthony Fillet

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