La police nationale vient de percer les mystères d’une lâche agression devant un célèbre établissement de nuit. Si deux fêtards violents ont été arrêtés, les enquêteurs ont révélé qu’ils avaient agi avec la complicité de deux agents de sécurité.
Le monde de la nuit, ce n’est pas que la fête et ses effluves d’alcool, les rencontres d’un soir et les pas de danse au rythme de la musique crachée par les enceintes. Il y a un versant plus sombre : les regards de travers, les insultes, les bousculades et parfois, la violence sans limite. Jusque-là jamais révélée publiquement, une agression d’une violence extrême a éclaté dans la nuit du 2 mars dernier devant la célèbre boîte de nuit du MV, à la Baie des Citrons (Nouméa) pour laquelle la direction territoriale de la police nationale (DTPN) a longuement enquêté dans le plus grand secret. D’après nos informations, le dossier vient de connaître un coup d’accélérateur décisif avec de multiples interpellations, aussi bien chez les fêtards que parmi des agents de sécurité de l’établissement de nuit.
Livrés à leurs agresseurs
Dans ce haut-lieu des nuits de Nouméa, la soirée du samedi 2 mars a complètement dérapé et aurait pu encore plus mal finir. Il est un peu plus de deux heures du matin lorsqu’une embrouille commence entre deux militaires du Rimap, installés depuis peu sur le Caillou, et un groupe de jeunes gens d’origine wallisienne. Un regard mal interprété, une dispute autour d’une fille, il n’en fallait pas plus pour créer une étincelle. Les militaires décident de faire profil bas mais les premiers coups n’attendent pas. L’un d’eux est frappé, par surprise, à l’arrière du crâne au beau milieu de la boîte sous les yeux d’un agent de sécurité qui ne bouge pas. Une indifférence qui évidemment pose question.
Au-delà de la douleur, le choc et l’incompréhension saisissent les deux amis. D’autant plus que, alors qu’ils ne veulent pas répliquer et envenimer une situation déjà tendue, ils sont invités, manu militari, par les videurs à quitter les lieux. Le piège va alors se refermer sur eux. « Ils ont été livrés à leurs agresseurs par les agents de sécurité », révèle une source proche de l’enquête.
En toute impunité
Jetés par les « gros bras » devant la barrière de l’entrée du MV, ils sont alors aussitôt roués de coups par le groupe de jeunes gens. L’exploitation des vidéos des caméras de surveillance est saisissante : les policiers constatent « la violence inouïe des coups portés » et « la passivité choquante » des videurs qui assistent à la scène sans intervenir, ni même appeler la police ou les pompiers, complète un enquêteur. Les victimes parviennent tant bien que mal à prendre la fuite et à appeler, eux-mêmes, les secours. Les blessures sont graves : une victime souffre d’un bras cassé et d’un nez cassé.
En toute impunité, les agresseurs rejoignent ensuite l’entrée de la discothèque et discutent avec les agents de surveillance, comme s’il ne s’était rien passé, avant de regagner la soirée.
Pendant des jours, les enquêteurs du service de police judiciaire vont éplucher l’ensemble des vidéos situées à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement pour retracer le parcours des auteurs de l’agression, des victimes et le rôle joué par les videurs. Un travail de fourmi aussi pour identifier chacun de ces protagonistes qui va finir par payer. Il y a quelques jours, les identités et les visages des fêtards violents sont diffusés à l’ensemble des effectifs de police de Nouméa. La méthode fonctionne : les deux suspects sont arrêtés et immédiatement placés en garde à vue au commissariat central.
Un jeune écroué
Les enquêteurs ne s’arrêtent pas là. En parallèle de cette première vague d’interpellations, ils convoquent cinq videurs du MV au commissariat. Parmi eux, deux sont placés en garde à vue sans plus attendre, soupçonnés de complicité de violence et de non-assistance à personne en danger. Les autres vigiles sont, quant à eux, entendus en audition libre.
Auditionnés pendant 48 heures, agresseurs et videurs, tous connus de la justice, vont finir par craquer devant les preuves accumulées par les fonctionnaires de police. Le dossier est ficelé et le parquet décide alors de déférer l’ensemble des personnes. Si l’un des agresseurs a été écroué au Camp-Est en détention provisoire, les trois autres suspects ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant leur procès prévu au 26 avril prochain devant le tribunal correctionnel de Nouméa.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche