Samedi après-midi, au stade Numa-Daly, la rencontre entre Tiga et Ne Drehu (3-1) ouvrait la 3e journée de Super Ligue. Le match a failli ne pas aller à son terme, la faute à une forte tension, non pas sur le terrain mais dans les coulisses.
Selon nos informations, l’arbitre central, Médéric Lacour, a été pris à partie, à différents moments, par plusieurs personnes, principalement trois : le président du club de Tiga (Pascal Dokunengo), le délégué du match (M. Gélima) et un agent chargé de l’entrée du stade. Il a fallu des interventions de l’entraîneur de Tiga (Léo Lopez) pour que la situation ne dégénère pas. La raison de cette poussée collective de fièvre : l’arbitre aurait demandé, au délégué, que Pascal Dokunengo s’installe dans les tribunes et non près du terrain ou sur le parking, comme il en a l’habitude mais pas officiellement l’autorisation. Voyant que sa requête n’était pas suivie d’effet, l’arbitre suspend temporairement la rencontre à la 35e minute. Le jeu reprend puis, à la mi-temps, l’homme au sifflet fait part de son mécontentement au délégué, lequel se serait alors énervé, poussant « très violemment » la porte du vestiaire des arbitres contre l’un des arbitres assistants, Mike Chenot, et ce sans « aucune raison », dixit le rapport rédigé par Médéric Lacour, rapport qui a fuité et donc nous avons eu connaissance. Ainsi, l’arbitre s’est retrouvé à exclure le délégué (pourtant théoriquement là pour assister les arbitres…). Quant au président de Tiga, il a passé le match « caché derrière l’ambulance » sur le parking.
« A l’issue de la rencontre et à mon arrivée à mon véhicule, M. Dokunengo a commencé à déblatérer sa haine contre moi », relate l’arbitre dans son rapport, transmis hier matin à la Fédération calédonienne de football (FCF). « Tu es un arbitre minable », a notamment entendu Médéric Lacour, signalant également des insultes (certaines étaient à caractère raciste) dans plusieurs langues.
« A 30 centimètres de son visage »
Chaude, la situation est devenue brûlante quand « je me suis dirigé vers lui afin de me trouver à 30 centimètres de son visage ». Là, le dirigeant aurait « utilisé son coude pour m’intimider, en me touchant la poitrine », narre l’arbitre central, de qualité puisqu’il évolue régulièrement au niveau océanien.
Dans cet échange de mots, Pascal Dokunengo aurait utilisé « le tutoiement pour montrer le respect qu’il a ». Alertés par le « haussement de ton » l’arbitre, cela « a ameuté nombres d’individus autour de nous », raconte le directeur de jeu.
« Dehors pour en découdre »
Comme si cela ne suffisait pas, « un agent chargé de l’entrée au stade a également demandé à ce que je le retrouve dehors pour en découdre », déplore le père de famille, ajoutant que « des amis proches de M. Dokunengo ont filmé la scène ».
L’arbitre se défend de tout excès de zèle. « Je fais appliquer un règlement utilisé dans tous les stades du monde. Je rappelle juste que ce type d’incident avec toujours le même individu » a régulièrement « lieu depuis trois saisons ».
Médéric Lacour précise que « plusieurs plaintes vont être déposées » et demande à rencontrer, en dehors de ses heures de travail (car l’arbitrage ne remplit pas le frigo), le président de la FCF, le responsable de l’arbitrage, les arbitres, les délégués et le service de sécurité, pour que les faits de samedi ne se reproduisent pas. Le problème doit être pris au sérieux car, par le passé, il y a eu des incidents, notamment l’an dernier à Maré avec un arbitre poursuivi des vestiaires jusqu’au terrain, et frappé. La scène avait été filmée à l’aide d’un téléphone portable.
Anthony Fillet