Samedi à l’appel du collectif « Cris et pleurs de femmes » 200 personnes ont marché dans les rues de Nouméa pour dire « Stop aux féminicides ».
Elles s’appelaient Maureen, Corinne, ou encore Lucie et toutes ont perdu la vie prématurément sous les coups de leur compagnon. C’est après la mort d’une jeune femme de 29 ans dans la nuit de la Saint Sylvestre à Bourail que le collectif a décidé d’organiser cette marche. 200 personnes qui ont marché dans les rues de Nouméa pour ne pas oublier ces jeunes femmes victimes de ce que l’on appelle pudiquement des violences intrafamiliales, mais qui faut bien appeler féminicides. C’est devant la province Sud que les membres du collectif se sont retrouvés samedi, les prises de paroles des familles de victimes ont été fortes et dignes, car au-delà de la douleur de perdre un être cher, c’est aussi l’après qu’il faut gérer au quotidien. Que dire aux enfants de ces femmes victimes, qui en une fraction de seconde perdent une mère qu’ils ne reverront jamais, mais aussi un père qui, condamné pour des faits atroces, passera des années en prison ? Que dire aux familles de victimes qui du jour au lendemain se retrouvent au cœur d’affaires « qui n’arrivent qu’aux autres » ? Comment vivre sa vie d’après, sans oublier mais en continuant d’avancer ?
Il faut accompagner les familles de victimes
Au-delà de cette marche, le collectif « Cris et pleurs de femmes » souhaite attirer l’attention des pouvoirs publics sur la question de l’accompagnement des familles confrontées à ces drames de plus en plus fréquents. Lors de la marche, les responsables du collectif ont donné des chiffres qui font froid dans le dos et qui ne peuvent pas nous laisser de marbre. En l’espace de 2 ans, ce sont 14 femmes qui sont mortes victimes de leurs compagnons ou ex-compagnons, des femmes jeunes âgées de 25 à 30 ans. Les responsables du collectif qui ont rappelé également que la plupart des féminicides concernaient des femmes kanak. Après avoir été reçus la semaine dernière par Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge notamment de la lutte contre les violences conjugales, les membres du collectif ont été longuement reçus samedi au Congrès par quatre élues : Virginie Ruffenach, Nadine Jalabert, Muriel Malfar-Pauga et Laura Vendégou.
La mise en place d’un groupe de travail
« Il y a une vraie nécessité de mieux accompagner les familles, mais aussi et surtout les enfants des victimes, déclarait Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement au Congrès. Après les faits il y a un accompagnement, mais il s’estompe trop vite. Il y a un vrai travail à faire sur ces sujets, il faut que le gouvernement ait les moyens d’agir. On ne peut plus se contenter de traiter ces situations, il faut faire un travail de prévention pour faire changer la société et que les femmes ne soient plus considérées comme des objets et que ces violences cessent. Il y a une vraie révolution de la société à faire sur ces sujets ». À l’issue de cette rencontre avec ces quatre élus du Congrès et avant de prendre la direction de la place des Cocotiers pour un repas partagé, les responsables du collectif ont pris la parole. « Il nous faut vraiment travailler sur l’accompagnement des familles, soulignait Yvette Danguygny responsable du collectif, un groupe de travail s’est mis en place il y a un mois par le collectif et nous allons à nouveau aborder ces questions de l’accompagnement des familles avec Isabelle Champmoreau cette semaine. Il faut vraiment que l’on s’occupe des familles de victimes et notamment des enfants des victimes ».
Lionel Sabot