« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? ». On apprend en Terminale, que cette allitération en S, donne l’idée d’un trouble, d’un danger. L’auteur, le talentueux Racine, ignorait sans doute que des siècles plus tard, son bel alexandrin nous conviendrait comme un gant. Tout porte à croire hélas, que les Érinyes, ces déesses de l’enfer dont les cheveux sont des serpents, se sont liguées contre nous, pour amonceler sur nos pauvres têtes en ce moment particulier, tous les problèmes du monde. Nous sommes en effet en pleine tragédie grecque où les sentiments se mêlent, où le danger est partout et l’issue incertaine. Outre l’argent qui manque pour renflouer ce qui doit l’être – c’est-à-dire à peu près tout -, voilà que plane les pires menaces sur le secteur nickel qui faisait autre fois notre fierté et notre richesse, sans parler de l’électricité dont on est parfois privé. Ce n’est donc même plus une épée de Damoclès qui menace nos crânes, mais des dangers bien réels, dont on ne sait pas comment nous débarrasser. Et puis les tragédies grecques, ça n’est jamais que du théâtre, or la Nouvelle-Calédonie patauge dans la réalité la plus saisissable et contraignante.
Nicolas Vignoles