Bruno Le Maire arrive en Nouvelle-Calédonie avec l’espoir de trouver des solutions pour la filière nickel. Car la situation est grave, ainsi la situation est jugée critique à la Société Le Nickel.
Malgré des résultats opérationnels en hausse, la société est au bord de la rupture de trésorerie. Faute de solution durable, elle risque la cessation d’activité fin février. La société minière et métallurgique a maintes fois tiré la sonnette d’alarme, mais cette fois-ci, elle est vraiment à deux doigts du ravin. Bien que la SLN ait renoué avec la performance opérationnelle en 2023 et des niveaux de production de près de 45 000 tonnes de ferronickel par an annualisés, elle ne parvient pas à redresser la barre en termes financiers. La baisse précipitée des prix du nickel depuis un mois n’a rien arrangé. Et en octobre, sa maison-mère Eramet a été claire, elle ne remettra plus au pot de sa filiale, ni pour éponger ses pertes, ni pour soutenir ses investissements. La SLN se retrouve donc aujourd’hui au pied du mur. Elle en est arrivée à un point où elle se demande chaque mois si elle parviendra à régler ses salariés et doit déjà arbitrer les factures qu’elle règle ou pas.
Procédure de conciliation
Si la situation perdure, le Directeur Général de la SLN n’aura pas d’autre choix que de déposer le bilan. En anticipation, l’industriel a sollicité une procédure de conciliation auprès du tribunal de commerce pour gagner un peu de temps et laisser la place au dialogue politique en cours entre l’État et la Nouvelle-Calédonie. Il a par ailleurs obtenu le décalage du paiement d’un bateau de transport du fioul censé intervenir en décembre, avec l’accord d’Eramet (30 millions d’euros). Puis viendront la suspension du paiement des charges sociales que la société doit à la Cafat ou encore le contrôle renforcé de tous les engagements de la SLN. En revanche, pas de plan de licenciement à l’horizon, ce qui précipiterait la chute de la société qui a besoin de produire massivement pour atteindre l’équilibre. Avec toutes ces mesures, la SLN espère pouvoir tenir jusqu’à fin février. Mis au-delà, c’est le flou le plus complet.
Aide à l’énergie de l’État et accès à la ressource
En réalité, seule une contribution significative de l’État pourrait définitivement tirer la Vieille Dame de l’ornière. Une aide conséquente est notamment attendue sur le coût de l’électricité, que la SLN aimerait voir subventionnée par l’État. Ce surcoût énergétique, c’est aujourd’hui ce qui plombe l’usine de Doniambo, élecro-intensive. Une difficulté financière à laquelle s’ajoute celle de l’accès à la ressource. Aujourd’hui, la SLN – comme les autres mineurs – est confrontée à des difficultés d’autorisation d’exploitation et d’exportation. Des blocages administratifs qui pèsent sur l’activité du mineur, dont les taux de teneur en nickel ont baissé, faute d’accès au foncier. Ces interdictions d’exploiter ont ainsi eu raison de la mine de Poum au mois d’août et pourraient bien condamner au même sort celle de Népoui qui alimente en minerai les fours de Doniambo. Si le site de Népoui était amené à fermer, l’industriel devrait diviser par deux sa production l’année prochaine, ce qui serait une catastrophe absolue. Sur ce point, les autorités locales sont aux commandes. Reste que l’État n’apportera sa contribution sur le prix de l’énergie que si le pays accepte en contrepartie de donner accès à sa ressource minière. Les discussions des prochains jours avec le ministre de l’Économie et des finances Bruno Le Maire seront décisives. En attendant, l’heure tourne, et la SLN n’a plus beaucoup de temps devant elle.
Béryl Ziegler