Le gouvernement a décidé d’investir en masse sur l’énergie photovoltaïque pour prendre le relais des carburants fossiles. Pourquoi ce choix ?
Il existe aujourd’hui bon nombre de sources d’énergies renouvelables pour produire de l’électricité décarbonée : l’éolien, l’hydraulique, la géothermie, le solaire ou encore la biomasse… Mais concrètement, si la Nouvelle-Calédonie a choisi de miser sur le solaire, c’est parce qu’il s’agit de l’énergie renouvelable la plus adaptée au territoire compte tenu de son ensoleillement (2500 heures/an). C’est aussi actuellement la moins chère à produire parmi les ENR : moins de 6 francs le kWh (hors stockage). Toute la difficulté étant de parvenir à palier son intermittence avec des capacités de stockage.
Pas de conditions suffisantes au développement massif d’autres ENR
Pour ce qui est des autres ENR, difficile en l’état actuel des technologies de miser massivement sur l’une d’elles. Si l’hydroélectricité fournit aujourd’hui 16 % de la production totale d’électricité du territoire, essentiellement via le barrage de Yaté et quelques microcentrales, sa capacité de développement est aujourd’hui limitée. « Le potentiel hydroélectrique en Nouvelle-Calédonie a été étudié de longue date, le gisement est connu, et il n’y a pas de 2e barrage de Yaté possible », a indiqué Jean-Gabriel Faget, directeur d’Enercal, lors du premier « Rendez-vous du STENC » jeudi dernier à la station N. Le projet de Ouinné sur la Côte oubliée n’a pas abouti, et il n’existe pas de gros gisement hydroélectrique supplémentaire sur le territoire, compte tenu de la pluviométrie, du relief et de la possibilité d’aménagement des bassins versants. « Il y a un petit potentiel de développement d’hydroélectricité au fil de l’eau, mais ça reste assez peu significatif en quantité, de l’ordre de quelques mégawatts », a-t-il ajouté. La Nouvelle-Calédonie a également misé sur l’énergie du vent. Elle représente aujourd’hui 2 % de la production totale d’électricité du territoire. Les communes de Voh et Mont-Dore abritent les principaux projets éoliens du territoire et un projet est en développement à Yaté. Du côté des vagues et du courant, même si la zone maritime entourant l’archipel compte plus de 1,5 million dekm2, l’énergie houlomotrice n’a pas apporté de résultats concluants pour l’heure, en raison de sa complexité technique, des coûts de déploiement et des impacts potentiels sur la faune marine. Idem en ce qui concerne le SWAC (Sea Water Air conditionning), ce système utilisé à Tahiti qui utilise l’eau de mer des profondeurs pour répondre aux besoins de climatisation des bâtiments. Difficile à mettre en place en Nouvelle-Calédonie « en raison de l’éloignement trop important entre les zones profondes des zones de consommation », explicite Jean-Gabriel Faget.
Hydrogène ?
L’hydrogène, gaz très léger et rare à l’état naturel, a potentiellement de l’avenir sur le territoire, « mais c’est l’énergie la moins développée en termes de technologie ». Actuellement, l’hydrogène est issu à 98 % de la transformation d’énergies fossiles dont près de la moitié à partir du gaz naturel (hydrogène gris). Il peut aussi être produit par électrolyse, sous le nom d’hydrogène vert. Quelques projets pilotes de ce type sont en cours en Nouvelle-Calédonie, notamment en matière de mobilité. L’agence calédonienne de l’énergie (ACE) souhaite à ce titre contribuer au financement des études permettant l’émergence d’une filière hydrogène sur le territoire, lesquelles auront pour objectifs de soutenir l’exploration d’hydrogène naturel (hydrogène blanc), la production d’hydrogène vert, le stockage et les usages envisageables en termes d’hydrogène. La question des coûts sera aussi étudiée. Seul un mix énergétique avec une forte proportion de photovoltaïque est donc aujourd’hui envisageable. « Il faut trouver l’assemblage optimal pour la Nouvelle-Calédonie et des solutions car le temps ne joue pas pour nous », insiste Christopher Gygès.
Beryl Ziegler