Trois mois après le pillage en règle de l’établissement d’Auteuil, qui avait créé la consternation parmi les Calédoniens, la justice a sanctionné l’un des participants.
Comme un signe à leur récente reprise, les premières condamnations tombent. Alors que les gérants du restaurant si bien connu Le Shangri-La, dans le quartier d’Auteuil à Dumbéa, viennent de se relancer après des semaines de fermeture, la justice ne lâche pas ceux qui en sont les responsables. Car en pleine nuit du 14 juillet dernier, les restaurateurs ont subi un déferlement de violence, de haine et de bêtise de jeunes gens – souvent inconnus de la justice – qui avaient réussi à fracturer une vitre pour s’introduire dans l’établissement et faire main basse sur l’alcool. Mais leur plan ne s’était pas exactement déroulé comme ils l’avaient imaginé. Car, tous fortement alcoolisés, ce n’est pas en silence qu’ils ont procédé mais dans un vacarme pas possible, au point de réveiller le voisinage et les propriétaires installés l’étage au-dessus du Shangri-La. Toutes les issues avaient alors été bouchées par les voisins dont certains portaient des bâtons, des battes de baseball et même une carabine à plomb, en attendant l’arrivée des gendarmes. La dizaine de cambrioleurs pris au piège, la situation a alors totalement dérapé. Les intrus ont littéralement mis à sac l’intérieur du restaurant, jetant sur les gendarmes des dizaines de projectiles (assiettes, couteaux, bouteilles…) qui ont été obligés de faire usage, à deux reprises, de gaz lacrymogène pour les contraindre à sortir et les interpeller.
Un restaurant détruit « à 90% »
Parmi les onze auteurs présumés – dont neuf mineurs -, un majeur de 19 ans était appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel de Nouméa, vendredi. En l’absence de ce tout jeune adulte, vivant chez sa grand-mère et déscolarisé, les magistrats ont révélé que les cambrioleurs « avaient préparé » leur coup. En garde à vue, le prévenu avait aussi affirmé que les coups de feu tirés par le propriétaire de la carabine à plomb et faisant trois blessés légers parmi les voleurs avait envenimé une situation déjà très tendue. « Nous avons crié pour qu’il arrête mais il a touché notre ami. C’est pour ça qu’on a tout saccagé », avait-il raconté sur procès-verbal. Regrettant l’absence du prévenu à son procès, l’avocat du Shangri-La, Me Philippe Gillardin, pointe « des dégradations d’une gravité extrême. Comme d’habitude, ils voulaient piller de l’alcool et de l’argent avant de tout détruire jusqu’à même l’aquarium dans la salle ». Le conseil évoque un restaurant « détruit à 90% » entrainant « une fermeture pendant plusieurs semaines », « un véritable traumatisme chez les gérants, le voisinage et les clients » et un « préjudice colossal, de l’ordre d’une dizaine de millions de francs ».
« Il assume et revendique »
La procureure de la République Fabienne Coupry relève que le prévenu « assume et revendique sa participation » lorsqu’il est interrogé en garde à vue. Jusque-là inconnu de la justice, « il indique ne pas regretter et être fier du saccage car c’était en réponse aux tirs de carabine à plomb des voisins », poursuit le parquet, déplorant que « le dossier soit pris par petit bout et pas d’un bloc ». Car seuls deux mineurs ont été pour l’instant traduits devant la justice pour ce cambriolage et ont écopé de six mois de prison dont la moitié avec sursis. Une peine dont ils ont fait appel.
Après en avoir délibéré, le tribunal n’a pas suivi les réquisitions du procureur – un travail d’intérêt général avait été proposé – et a condamné le prévenu à six mois de prison dont la moitié avec sursis. Il devra en outre s’acquitter de 100 000 francs au Shangri-La à titre d’indemnité provisionnelle. L’audience sur intérêts civils est prévue avant la fin de l’année.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche