Vendredi dernier, nous apprenions une bien triste nouvelle : les Francofolies annulées à cause des conditions météorologiques. Mais grâce à la mobilisation des artistes et des équipes, des évènements ont pu être organisés au cours du week-end. On en parle avec le directeur des Francofolies de Nouvelle-Calédonie, Chris Tatéossian.
La voix du Caillou : Pourquoi avoir pris la décision radicale de tout annuler avant même que le festival commence ?
Chris Tatéossian : Ce n’est jamais facile de prendre une décision qui implique d’aussi lourdes conséquences pour nous. C’est très compliqué d’avoir une annulation, c’est la première fois. On était d’autant plus surpris qu’à cette période-là de l’année, on a rarement une situation météorologique aussi difficile. Ce n’était pas qu’un problème de pluie, car la pluie, ça arrive dans les festivals, mais surtout un problème de vent.
LVDC : Malgré l’annulation, vous souhaitiez préserver quelque chose ?
CT : Toutes les équipes se sont mobilisées pour que quelque chose puisse avoir lieu, malgré la déception, malgré l’anéantissement que peut engendrer cette annulation. Ce qu’on a eu en retour était très fort. Les artistes ont joué le jeu. En premier lieu, Jahneration qui a décidé de passer d’un showcase à un concert complet, et je crois que ça a créé une vraie dynamique. L’ensemble des autres artistes se sont mobilisés : Sofiane Pamart qui a voulu donner un concert gratuit, pareil pour Roméo Elvis, Kyo… Je pense qu’ils avaient besoin eux-aussi de jouer, de montrer que la musique est plus forte que tout, qu’ils étaient là pour donner du plaisir aux gens, et montrer qu’on pouvait encore préserver quelque chose. Le public a répondu présent, tout le monde a vraiment joué le jeu. On a créé un mini évènement dans l’évènement, même si évidemment, ce n’est pas forcément ce qu’on attendait au départ. Une grande solidarité s’est installée, d’abord entre nos équipes, car c’était très fort de monter cela en quelques heures, et ensuite de la part du public, qui nous a soutenu, qui était présent. C’est toujours plaisant et rassurant de voir que même dans les difficultés, on peut créer quelque chose de chouette. C’est ce que je retiens. J’ai évidemment l’amertume de l’annulation : quand on met un an à monter un festival qui s’arrête comme ça du jour au lendemain, évidemment que l’on est dévastés. Après, d’avoir réussi à préserver quelque chose est une belle victoire sur cette morosité.
LVDC : L’annulation a été un coup dur financier pour Musical Production. L’entreprise va-t-elle s’en remettre ?
CT : On ne sait pas. Nous sommes en pleine discussion avec notre assureur, nous ne savons pas encore si l’assurance va fonctionner. Ce genre de choses, c’est très long et compliqué. Évidemment, cela met en stand-by notre société, on ne sait pas trop comment on va avancer, comment on va pouvoir rebondir par rapport à ça, mais on va essayer de le faire vite. La première des choses, c’est déjà de rembourser les gens. Donc là, on évalue toutes les solutions possibles, on essaye de récupérer de la trésorerie pour pouvoir le faire le plus rapidement possible, parce qu’évidemment, les spectateurs ne sont pas responsables de cette situation, et on ne veut pas non plus les pénaliser. La suite de Musical Production, je ne sais pas. Nous avons un festival à organiser au mois de novembre, Jazz à Nouméa, on est en train de réfléchir à comment articuler tout ça, comment ça va être possible de se relever.
LVDC : Les futures Francofolies sont-elles menacées ?
CT : Y aura-t-il une édition l’année prochaine ? On l’espère de tout cœur. On va se battre pour ça. C’était notre 5ème édition, je pense qu’on a commencé à créer quelque chose, on a vu l’attente des gens, leur soutien. Je pense qu’aujourd’hui, les Francofolies sont importantes dans le paysage culturel. En tout cas, elles sont importantes pour beaucoup de gens. C’est un projet qu’on souhaite continuer à défendre le plus possible. On va se battre pour que ça existe.
LVDC : Quel bilan faites-vous de ce week-end ?
CT : Si je devais faire un bilan de tout cela, il serait entre la profonde tristesse, la profonde déception et ce baume au cœur que nous ont apporté ces petits évènements, ce soutien des artistes, des équipes, des bénévoles, du public… Tout ça nous a rempli et on a quand même réussi à préserver quelque chose.
Kim Jandot