Nos régimes de retraite ne vont pas bien. Ce qui se passe à la Caisse Locale de Retraite (CLR) qui concerne plus de 5 000 personnes, est tout à fait significatif de cette retraite.
Notre système de retraite, celui du privé comme celui de la fonction publique, est bâtie autour de la répartition plutôt que de la capitalisation, c’est-à-dire que chaque retraité touche sa pension par étape (mensualisation), plutôt qu’en une seule fois, un système privilégié par les anglo-saxons. En substance, le système par répartition fait que ce sont les actifs qui financent la pension des retraités par leurs cotisations, paiement auquel participent les employeurs, l’entreprise comme l’administration. Évidemment, il est simple de comprendre que ce système ne peut fonctionner que s’il y a davantage de cotisants que de retraités, c’est encore le cas aujourd’hui, mais le ratio cotisants/retraités, notamment dans la fonction publique s’est considérablement réduit toutes ces dernières années.
Pourquoi la CLR est en difficulté ?
Réponse simpliste : pour de nombreuses raisons. Elle est en difficulté pour des raisons structurelles, mais également à cause d’une gestion qui parfois a posé problème. Ainsi, si l’idée émise au début des années 2000 de faire fructifier les fonds dont disposait la CLR, en réalisant des placements en bourse aurait pu s’avérer être une bonne idée, à condition que ces placements rapportent, or ça n’a pas été le cas du tout puisque les pertes en bourse ont été estimées par certains entre 16 et 20 milliards de francs. Par ailleurs, pendant très longtemps les fonctionnaires ont bénéficié de dispositifs leur permettant d’envisager de prendre leur retraite parfois à partir de 50 ans. Comme dans le même temps, et fort heureusement, l’espérance de vie s’est considérablement allongée, il s’est passé que le temps de cotisation, (c’est-à-dire d’activité) se révèle maintenant plus court que le temps de retraite. De manière schématique, on peut dire que tout le temps de son activité, un fonctionnaire versera à la CLR entre 55 et 60 millions, pendant que dans le même temps, la CLR versera à un retraité vivant jusqu’à 80 ans, entre 80 et 85 millions. Il suffit de faire la soustraction pour comprendre le problème. Par ailleurs, la particularité de la fonction publique en Nouvelle-Calédonie, c’est le recours aux contractuels. Ils travaillent dans les administrations sans être fonctionnaires, donc sans cotiser à la CLR. La solution avancée par les syndicats pour résorber les déficits de la CLR est l’intégration massive de ces contractuels, c’est-à-dire d’en faire des fonctionnaires cotisants. C’est en effet une solution, toutefois les études menées pour trouver des solutions, et il y en a eu beaucoup, montrent que cette mesure ne suffirait pas pour garantir la pérennité de la CLR.
Vers une taxe ?
Le régime retraite du privé est dans une situation fragile lui aussi, c’est ce qui a conduit au report de l’âge légal de la retraite à 62 ans en Calédonie. Cette fragilité peut paraitre d’autant plus incroyable que l’on sait que les régimes de retraite complémentaire, comme ARCO-AGIRC, qui a dégagé en 2022 l’équivalent de 600 milliards de francs cfp. Et dans ces 600 milliards (5millions d’euros), il y a les cotisations des Calédoniens, cotisations qui ne restent pas en Nouvelle-Calédonie. C’est ce qui avait motivé Philippe Germain, alors président du gouvernement à tenter, sans succès, à faire rapatrier cette manne en Calédonie. La situation des retraites mérite donc l’attention des élus comme des partenaires sociaux, sans parler des retraités eux-mêmes. L’idée de créer une taxe dédiée a été évoquée par Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement en charge de la fonction publique.