Pour rassurer les éleveurs, de plus en plus en colère face à la multiplication des actes des viandards, les gendarmes ont augmenté le nombre de patrouilles et de surveillances.
Il n’y a presque plus une semaine sans que des braconniers finissent en cellule de garde à vue. En Brousse, l’exaspération des éleveurs a été entendue par les gendarmes, qui ont fait de la lutte contre les abattages illégaux de têtes de bétail l’une de leurs priorités. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la vigilance sur le terrain porte un coup dur aux activités nocturnes des viandards. Dernier exemple en date, à Koumac : c’est durant un service nocturne spécifiquement dédié au vol de bétail que les militaires de la brigade constatent la présence d’un véhicule stationné, tous feux éteints, en bordure de RT1. En passant devant, les forces de l’ordre aperçoivent trois personnes à l’intérieur. Un contrôle est aussitôt déclenché. Sans véritable surprise finalement, c’est tout l’attirail du parfait braconnier qui est retrouvé sur les occupants du véhicule : un fusil de calibre 7 chargé et équipé d’une lunette de visée, un projecteur longue portée branché sur la batterie du véhicule et plusieurs couteaux de chasse.
Le véhicule des viandards saisie
Difficile pour les trois personnes de ne pas reconnaître qu’ils avaient bien pour intention de chasser illégalement. Entendus à la brigade de Koumac, les intéressés ont assuré qu’ils chassaient le cerf. Qu’importe que les cerfs soient une espèce envahissante nuisible, la chasse de nuit est interdite en tout temps et pour toutes catégories d’animaux une fois le coucher du soleil. Une fois les auditions terminées, le parquet a décidé de les convoquer en justice devant le tribunal de Koné prochainement où ils répondront de leurs actes pour « défaut de permis de chasser », « action de chasse non autorisée de nuit et avec des moyens prohibés » et « transport sans motif légitime d’armes de catégorie C et D ». Le procureur a également opté pour la saisie du véhicule contrôlé, le fusil, le projecteur et les couteaux, de manière à frapper fort pour dissuader les autres viandards.
Aussi dans le Grand Nouméa
Parce que les faits de braconnage sont en recrudescence depuis un certain temps (la faute à la vie chère ?), les enquêtes se multiplient. La semaine dernière encore, c’est du côté d’un terrain d’élevage de bovins, à Nakutakoin (Dumbéa), que quatre personnes ont été interpellées. Habillés en tenue de camouflage, armés de carabines avec lunettes et silencieux et équipés de projecteurs et de couteaux de chasse, les braconniers s’apprêtaient à s’en prendre à du bétail avant l’intervention des gendarmes. Il y a aussi eu, il y a une semaine, près de Naïa, à Païta, une autre affaire : un propriétaire terrien retrouve deux veaux tués par balle, l’un ayant été découpé, l’autre non. Les gendarmes investiguent et interpellent quatre hommes. Chez eux, il a été trouvé deux carabines de chasse, des cartouches et des couteaux à dépecer. Ils ont expliqué que c’était pour préparer une coutume… Leurs armes et le pick-up ont été saisis sur injonction du procureur, précise la gendarmerie.
Sept interpellations à Bourail
Quelques jours auparavant, le 18 août dernier, plusieurs coups de feu claquent dans la nuit de Farino, faisant craindre un nouveau passage à l’acte. Les gendarmes finiront par interpeller un homme en train de découper un cerf sur un terrain. Il venait de l’abattre et d’en blesser un second. Les animaux étaient pourtant détenus en captivité, ce qui n’a pas fait reculer le braconnier. Ses armes ont aussitôt été saisies et il s’en sort avec une convocation en justice.Du côté de Bourail aussi, le braconnage est présent. Dans la nuit du 14 au 15 août, les gendarmes du détachement de surveillance et d’intervention (DSI) de Bourail ont mis un terme à une action de chasse illégale sur la route de Néméara. Pas moins de sept personnes – trois adultes et quatre mineurs – ont été arrêtées alors qu’elles venaient de tuer deux cerfs. Placés en garde à vue, les majeurs comparaîtront prochainement devant la justice, qui pourra confisquer définitivement les véhicules et les armes saisis par les enquêteurs. De quoi porter un coup rude à ceux qui veulent continuer leurs actions de braconnage.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche, avec Anthony Fillet