De l’écriture à l’édition

On connaissait l’écrivain, on découvre l’éditeur. Yannick Jan, l’auteur de Liens de sang, lauréat de la résidence d’écriture du château Hagen 2020-2021, vient d’éditer ses trois premiers ouvrages sous son propre label.

Né en 1973, Yannick Jan est arrivé sur le territoire à l’âge de 10 ans. Après une scolarité au collège de Rivière salée, puis au lycée Lapérouse, il s’engage dans une carrière commerciale avant de rejoindre en 1996 le 11e régiment de parachutistes dans la musique professionnelle militaire à Toulouse. Il passe ensuite 20 ans dans la fonction publique calédonienne dans des services jeunesse et d’insertion culturelle où il s’occupe de la vie des quartiers et de la vie associative. Et puis un jour, « ça a été la crise de la quarantaine », raconte-t-il, et il plaque tout pour rejoindre le privé. Depuis 7 ans, Yannick Jan est à la tête d’une  société spécialisée dans les telecoms. Mais il s’est aussi lancé dans l’agroforesterie, Bref c’est un multi-entrepreneur.

Comment est-il tombé dans la littérature ? « J’ai passé dix ans au conservatoire de musique, où il y a toujours eu cet esprit créatif, raconte-t-il. Et puis je m’étais toujours dit que je serais écrivain ». Son rêve a fini par devenir réalité. En 2016, il publie son roman l’Écrivain aux éditions Jardin secret qui sera sélectionné au salon international du livre insulaire d’Ouessant. Puis ce sera Légendes du monde : Islande, un texte publié dans le numéro 2020 de la revue sillage 2020.

Pourquoi s’être lancé dans l’aventure de l’édition ? « La maison d’édition c’est un métier passion. Toutes mes expériences passées, c’est le chemin qui m’a guidé vers l’édition ». L’année dernière, Yannick Jan a commencé par éditer son propre livre, un roman d’espionnage 100 % féminin, Les Liens du sang – écrit pendant sa résidence d’écriture au Château Hagen et qui s’est vu décerner le Prix de la Maison du livre de la Nouvelle-Calédonie et de la province Sud. Le livre qui réalisé de bonnes ventes a eu un effet déclencheur. « Ce que j’ai gagné grâce à mes lecteurs entre guillemets, je l’ai réinvesti dans la maison d’édition, j’ai ajouté quelques deniers personnels et j’ai la chance d’avoir des particuliers et des entreprises amoureux de la littérature qui m’accompagnent, contrairement aux collectivités ».

Pourquoi une maison d’édition calédonienne ?

« Je trouve qu’en Nouvelle-Calédonie, il y a du talent. Les auteurs méritent d’être lus et publiés, Or les éditeurs se font rares sur le territoire hormis pour la littérature jeunesse. Et puis je pense que c’est important de s’impliquer aussi dans la vie culturelle et artistique à travers cette maison d’édition. Je veux faire vivre les auteurs… » Son objectif ? Éditer a minima 3 ouvrages par an de 3 auteurs de Nouvelle-Calédonie et du Pacifique Sud. Sa fierté ? Produire 100 % local. « Des entreprises locales travaillent sur toute la chaîne : de la rédaction à la correction, en passant par le graphisme, l’impression et la post production ». Il fait désormais appel « à la générosité des Calédoniens qui aiment lire pour qu’ils achètent local »

Le livre a-t-il encore sa place à l’heure du numérique ? En tout cas, les Calédoniens écrivent. Il lui a suffi de lancer un appel à projet sur les réseaux sociaux mi-2022 pour s’en rendre compte. Le bouche-à-oreille a fait le reste. Sur une vingtaine de manuscrits reçus, Yannick Jan en a sélectionné 3 pour 2023 et sa programmation pour l’année prochaine est déjà bouclée. En 2024, il éditera un roman jeunesse fantasy, un livre sur les minéraux de Nouvelle-Calédonie et la biographie d’une Calédonienne. Comment sélectionne-t-il les auteurs qu’il publie ? « Il y a le coup de cœur, et il faut aussi que les auteurs soient prêts à recevoir des critiques et à retravailler leur texte ». Ce qui n’est pas toujours simple, il en a conscience : car « accepter de donner son texte, c’est donner une partie de soi ». Yannick Jan en sait quelque chose. Il a réécrit son roman Liens de sang 6 ou 7 fois avant de le publier. « Je ne prends pas seulement des confirmés, précise-t-il. Ça a été compliqué pour moi, donc j›aimerais offrir sa chance à un émergent chaque année. C’est quelque chose qui me tient à cœur ». « Si je décèle un potentiel mais qu’il faut tout réécrire, je peux aussi lui trouver quelqu’un pour l’accompagner »

« Ouvert à tous les styles », Yannick Jan a développé une catégorie « Roman », une autre « Porteurs de voix /biographie /récits de vie » et il développe actuellement un collectif d’auteurs. Demain il y aura de la jeunesse fantaisie, de beaux livres et un livre de développement personnel. Yannick Jan en est persuadé : « Il faut qu’on ait plus de moyens d’expression, surtout en cette période. Je suis prêt à accueillir ceux qui ont des choses à dire dans tous les domaines. Il faut que la parole circule. Moi je ne suis qu’une courroie de transmission avec bien sûr les exigences d’un éditeur ».


Les trois premiers livres édités par O Éditions Pacifique Sud

Le Chemin des filets de Nicolas Vignoles : « un roadtrip introspectif d’une star du foot qui ne marque plus de buts »

Je mange donc je suis – Sillages d’Océanie : le recueil de nouvelleset de poésies de « 23 auteurs affamés du Pacifique Sud au service du collectif, avec plein de belles surprises »

Moi l’Auvergnate de Népoui de Ghislaine Nékiriai : « l’histoire vraie d’une femme saisissante qui a réussi à surmonter les difficultés de sa vie » Trois livres au tarif de 2 600 francs chacun.

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