Sa dernière ligne droite, d’anthologie, restera dans les annales de la course. Le public a vibré.
Ambiance des grands dimanches après-midi de courses, hier, à l’hippodrome de Nouméa. Une demi-heure avant le départ (à 15 h) de la 90e édition de la Casinos Coupe Clarke, une épreuve de galop plutôt courte (1 600 mètres) donc nerveuse, richement dotée (2,5 millions de francs, dont la moitié pour le propriétaire vainqueur), il fallait aller jusqu’à l’Anse-Vata pour se garer tellement il y avait de voitures stationnées. Un constat confirmé à l’entrée (file d’attente), puis à l’intérieur (déplacements ralentis par une foule dense, composée entre autres de parieurs). Dans la tribune, aucune place de libre. Au pied de celle-ci, des personnes assises ou debout. Le long de la rambarde ? Plein aussi. Personne n’a envie de manquer l’une des plus prestigieuses courses de l’année.
Le train d’enfer de Paris Pepper
Par un beau temps, avec une piste ensoleillée sur sa plus large partie, et seulement la zone d’arrivée dans l’ombre, la lumière est d’abord venue des sabots de Paris Pepper, montée par Nivesh Teeluck. La jument entraînée par Steven Adam de Villiers, deuxième plus jeune cheval (5 ans) parmi les engagés, a fait la course en tête, à vive allure, sur les trois quarts du parcours, abordant en leader le dernier virage, après avoir compté jusqu’à plusieurs longueurs d’avance dans la ligne droite opposée. Derrière elle avant l’emballage final, la meute : onze chevaux lancés à ses trousses. Au terme d’un effort splendide, c’est Louna Rose qui s’impose, dans un excellent temps d’une minute et trente-six secondes. La jument de 6 ans, montée par Avinash Bohorun, propriété de Mariella Winisdoerffer et entraînée par le mari de cette dernière, Enric (qui a fini souriant mais en sang après avoir reçu un coup involontaire de part de son cheval), est descendue de Bourail (vallée de Gouaro, route des Nordistes) pour remporter la Casinos Coupe Clarke, elle qui était absente l’an passé et qui restait sur plusieurs succès lors des derniers mois. Dans un brouhaha énorme, sous les cris et les commentaires endiablés du speaker, elle termine devant Paris Pepper et le hongre Harry Potter, entraîné par Christian Kaouma et monté par Antony Di Palma.
De père en fille
« Je suis très, très heureuse », a réagi Mariella Winisdoerffer, les larmes aux yeux. « Ça a été un travail de longue haleine, c’est ma concrétisation de cinq ans de travail, cinq ans d’amour qu’on donne à notre jument, parce que voilà, quand on veut quelque chose il faut savoir donner pour mieux recevoir. C’est une jument qui est très expressive, et elle ressent. Tout ce qu’on lui dit, tout ce qu’on fait avec elle, elle le comprend. C’est un amour de jument. C’est exceptionnel. On a une championne. Cette victoire-là, je la dédie à mes parents, qui sont partis trop tôt. Mon père était entraîneur de chevaux de course, il a gagné une Coupe Clarke en 1975. Et voilà, maintenant c’est moi. Elle est pour eux. Ce n’est que du bonheur. » Et comme un bonheur n’arrive jamais seule, la fille de Mariella, Allyson, a remporté hier le concours du plus beau chapeau.