Mardi soir, Gérald Darmanin a présidé une réunion consacrée à la situation du nickel en Nouvelle-Calédonie. Une très longue réunion de plus de trois heures.
Lors de cette réunion, il a été présenté aux participants le rapport sur l’avenir de la filière nickel en Nouvelle-Calédonie, établi à la demande de la Première ministre par l’Inspection Générale des Finances et le Conseil général de l’économie. Ce rapport dresse le constat que depuis 10 ans les métallurgistes présentent des résultats négatifs. Une situation de non-rentabilité et de sous-production qui font que, puisque non-rentables, les trois usines dépendent entièrement de financements publics et privés pour poursuivre leurs activités. Si ces financements devaient être « défaillants » les conséquences pour la Nouvelle-Calédonie seraient purement et simplement apocalyptiques. L’arrêt des trois usines entrainerait une hausse du chômage de 50%, l’effondrement total des comptes sociaux et une perte de 4 points du PIB. Bien sûr ces défaillances peuvent être évitées, mais la viabilité de la filière, explique le rapport, réclament des transformations profondes.
Qui va payer ?
Le rapport préconise ainsi de réviser le cadre juridique du contrôle des exportations, afin que les profits de ces dernières compensent les pertes de la production de nickel. Il est également préconisé que KNS et la SLN, les deux entités les plus fragiles, privilégient la production de matte de nickel plutôt que de ferronickel. Il est enfin réclamé la transformation avec des énergies vertes de l’alimentation électrique de la filière nickel. Mais la question à laquelle le rapport ne répond pas, c’est de savoir qui va payer ces transformations impliquant de lourds investissements ? Sachant que ni la Nouvelle-Calédonie ni même les trois usines actuellement ne peuvent financer. Le rapport évoque le fait que « de nouveaux financements paraissent difficilement évitables. » Mais qui a les capacités de mettre plusieurs centaines de millions d’euros sur la table, a fortiori pour aider des entreprises fragiles et en difficulté, dans un contexte économique difficile et un marché du nickel volatile ? Lors de son. Discours place des Cocotiers, Emmanuel Macron s’est appesanti sur la situation du nickel. « Le nickel, a-t-il dit, n’enrichit pas suffisamment votre territoire. » Et le président de la République a spécifiquement précisé « qu’il fallait bouger la doctrine nickel. Ça ne fera pas plaisir à tout le monde, mais c’est une nécessité. » Pour ce faire, il réclame que l’on refonde le système énergétique qui alimente aujourd’hui les trois usines métallurgiques, précisant que seul l’État pourrait le financer, mais avec des conditions : « Je vais être sérieux, a-t-il déclaré, moi je n’utilise pas l’argent du contribuable pour financer des modèles improductifs. » Et il a annoncé « qu’une réunion de tous les acteurs du dossier aurait lieu en septembre prochain, réunion au cours de laquelle toutes les parties prenantes devront faire une partie de l’effort. »