Les douanes et la police aux frontières ont mené hier conjointement un contrôle à bord d’un navire de croisière. Si aucune infraction n’a été constatée, l’opération joue toutefois « un rôle préventif », insiste le haut-commissaire Louis Le Franc.
La croisière ne s’amuse pas toujours. Hier, le paquebot australien accosté au port autonome a fait l’objet d’un double contrôle, à la fois sur les personnes et les marchandises.
Les voyageurs sont-ils en règle ?
Port autonome, 7h30. Les festivités commencent avec la police aux frontières qui passe en revue l’identité d’une vingtaine d’occupants sur les quelque 4 000 que compte le géant des mers. « 48 heures avant l’arrivée du navire, nous recevons le fichier des passagers et du personnel, que nous croisons avec le fichier des personnes recherchées (FPR) et celui Interpol. L’idée, c’est d’éviter qu’une personne recherchée accoste en Nouvelle-Calédonie », explique un commandant de police. La procédure n’est pas inhabituelle, elle est exigée pour tout étranger entrant sur le territoire. Et c’est là que le réseau régional prend toute son importance. « Parfois, il arrive qu’on nous signale des personnes surveillées dans un pays, c’est arrivé avec l’Australie ». De quoi limiter les déplacements de personnes délictueuses. « Quant au risque migratoire en Nouvelle-Calédonie, il est quasiment nul », poursuit-il. Les croisiéristes devant « badger » à chaque débarquement et embarquement, l’absence de l’un deux serait rapidement remarquée. Les normes strictes à l’arrivée réduisent par ailleurs considérablement le risque d’entrée illégale sur le territoire. « En amont, l’immigration demande tout un tas de documents : notamment les assurances de voyage, en cas de souci en Calédonie, que ce soit pour des marins, des techniciens ou des passagers ; elle s’assure également que leur nationalité ne requiert pas de visa, et qu’ils aient tous les moyens pour se rendre à leur prochaine destination », détaille Elodie Jaunay, directrice d’une agence en charge de la préparation des escales maritimes. S’il est rare que des personnes ne soient pas en règle, cela arrive néanmoins de temps et temps.
Après les hommes, les marchandises
Le contrôle des identités fait ensuite place au contrôle des marchandises. Là encore, impossible de passer au peigne fin l’intégralité des cabines. Les douanes se concentrent donc sur celle de deux membres de l’équipage, respectivement indien et mexicain. « On s’assure que les marchandises à bord ne sont pas prohibées et on a vérifié en amont que les collègues étaient en règle par rapport aux produits pharmaceutiques et médicaux. On vérifie aussi l’avitaillement. Car un navire qui va dans les eaux internationales a le droit de vendre des marchandises hors taxe, que ce soit de l’alcool ou des cigarettes, et il y a parfois un risque de détourner ces marchandises de leur destination initiale », explique le directeur des douanes, Benoît Godard, qui n’observe toutefois « pas de risque particulier sur ce bateau ». Aucune irrégularité ne sera constatée dans la cabine des deux hommes. Mais au demeurant, ces contrôles font partie des standards.
Mieux vaut prévenir que guérir
Le haut-commissaire est d’ailleurs convaincu de leur efficacité : « C’est important que des missions assurées par les douanes puissent être exécutées ici en Nouvelle-Calédonie. C’est la lutte contre toute forme de trafic. La tentation que peuvent avoir certains de ne pas respecter la règlementation du droit au séjour nécessite une mobilisation constante de toutes les équipes de douanes et de la police aux frontières ». Si l’activité de croisière vient de reprendre après la crise Covid, la vigilance reste de mise. « En Polynésie française, dans le premier bateau de croisière accueilli, un des passagers a été intercepté avec 11 kilos de ice », raconte un douanier. D’où l’intérêt de mener ce type d’opération à l’effet dissuasif. « Plus ces contrôles sont connus et efficaces, moins le risque d’implantation de réseaux de trafiquants et de passeurs est élevé », conclut le haut-commissaire, en rappelant que le territoire est pour l’instant préservé du grand banditisme.
Béryl Ziegler