« C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! », la tirade du nez, de Cyrano de Bergerac, illumine et fait glousser les parterres des salles de théâtre depuis le 28 décembre 1897. Ce soir-là, Edmond Rostand, illustre auteur de la pièce du même nom que le conteur de la tirade, sortira l’un des plus grands chefs d’œuvre du théâtre français.
Alors que le drame romantique a laissé place aux dramaturges tournés vers le théâtre moderne, l’écrivain propose une pièce en vers, lorsque la prose est, à cette époque, omniprésente dans le ciel théâtral. Malgré de nombreux doutes, Edmond s’excusera notamment auprès de Coquelin, Cyrano lors de la Première, le jour de la générale pour l’avoir « entraîné dans cette désastreuse aventure », la pièce connaîtra un succès d’une ampleur rare. Le soir des débuts, les rappels commenceront dès le premier acte de cinq composant l’œuvre. Le dernier sera salué pendant plus de vingt minutes d’applaudissements par l’entièreté du Théâtre de la Porte-Saint-Martin qui refusera même de quitter les lieux. Georges Cochery, ministre des Finances, se rendra dans sa loge pour lui épingler sa propre Légion d’Honneur en lui adressant ces mots « Je me permets de prendre un peu d’avance ». Le 1er janvier 1898, il est fait officiellement Chevalier de l’Ordre. En l’an 1900, l’Académie Française compte un nouvel élu dans ses rangs, Edmond Rostand.
L’histoire racontera que le soir de la première, la troupe serait portée en triomphe dans les rues de la ville lumière.
Le 15 septembre 2016, au Théâtre du Palais Royal à Paris, Edmond est joué pour la première fois. Son auteur, Alexis Michalik, propose d’entrer dans les coulisses de la création de Cyrano de Bergerac. Il faut remonter en 1895, dans la capitale française. Edmond est alors un auteur déchu à qui il faut impérativement un succèse après de trop nombreux échecs. Voilà que le célèbre comédien Coquelin, ancien membre de la Comédie-Française, fait irruption dans sa vie et lui commande une pièce en vers. S’en suit la recherche de l’inspiration, la naissance de relations amicales, et amoureuses, des péripéties plus haletantes les unes que les autres. Après des semaines de répétions entourées de mésaventures, Cyrano de Bergerac est présenté au public.
La pièce d’Alexis Michalik suit les traces de son ainé. Jouée triomphalement depuis 2016 au Théâtre du Palais Royal, elle a remporté 5 Molières (Meilleur spectacle Théâtre Privé, Auteur francophone vivant, Metteur en scène Théâtre Privé, Comédien dans un second rôle, Révélation masculine) et a été représentée devant plus de 800 000 spectateurs unanimes. Une adaptation cinématographique a suivi en 2019.
Des places encore disponibles
Le 8 et 9 mars 2024, la Compagnie de l’Archipel, sous la directive du metteur en scène et directeur artistique Dominique Jean, ouvrira la saison culturelle 2024 en jouant Edmond au Conservatoire de Danse et de Musique de Nouvelle-Calédonie. La première interprétation a eu lieu en 2022, envie née après avoir joué Cyrano de Bergerac en 2017 sur le Caillou. Deux ans plus tard, et à la demande des amateurs de théâtre, voilà donc qu’Edmond fait son retour, ce qui ravit le metteur en scène qui aime « le théâtre où ils sont nombreux sur scène, comme dans une cour de récréation ». Cela permet l’émulation collective et la création d’idées. La pièce de Michalik a d’ailleurs été grandement construite sur scène avec la participation de tous les comédiens et protagonistes.
Il est vrai que « les pièces en Nouvelle-Calédonie, locales et de bonnes qualités n’ont pas trop l’occasion d’être rejouée. On reste sur notre faim ». Cette fois-ci, la faim n’est pas rassasiée et Edmond sera rejoué. Une première fois le vendredi 8 mars puis le samedi 9. Les deux soirs à 19h30.
Concernant la pièce, les connaisseurs de théâtre sur l’île ne seront pas déçus. Fidèle aux textes et à l’époque, l’ADN sera toutefois propre à ce qu’ils connaissent ici.
Des places sont encore disponibles pour le moment, et une billetterie sera ouverte le soir même des représentations. Des représentations qui pourraient durer jusqu’à tard dans la nuit si la foule venait à nous rappeler aux bons souvenirs d’une froide soirée de décembre 1987 !
La Compagnie de l’Archipel jouera également, un mois plus tard, au Mont Dore, Silence, on tourne !
