Tous derrière Sonia Backès dans la course (officiellement non commencée) à une réélection à la tête de la province Sud, et pas de division dans le Nord et dans les Îles pour ne plus laisser en route des sièges au Congrès : c’est l’un des messages passés par les différents leaders du mouvement non-indépendantiste, vendredi soir devant environ 1 300 personnes dans un Ko We Kara illuminé, pour l’occasion, aux couleurs du drapeau français.
« Ce soir, vous avez six mouvements politiques qui sont là, et c’est cette union qu’il nous faut porter aujourd’hui », a entamé Gil Brial. « Il n’y a pas un chemin en dehors de l’union. L’effort qu’on doit faire aujourd’hui, c’est qu’on doit faire beaucoup plus d’efforts pour nous unir, pour regrouper l’ensemble de nos mouvements autour d’idées fortes. C’est l’union qui nous permettra d’aller chercher une majorité au Congrès et au gouvernement, une majorité qui a dit trois fois non à l’indépendance », a ajouté le président du Mouvement populaire calédonien.
Le micro est ensuite arrivé entre les mains de Pascal Vittori. « Merci à Sonia Backès de nous avoir invité ce soir, de nous avoir permis de nous réunir, parce que nous allons avoir besoin d’unité », a dit le patron de Tous Calédoniens. « Chacun, à sa place, doit faire son travail. On doit proposer des solutions pour sortir de l’ornière, pour sortir de la crise, et il n’y a que nous qui pouvons faire ça aujourd’hui. On doit proposer des élus qui sont compétents, qui sont travailleurs et qui ont envie. » Selon le maire de Boulouparis, il y a un coup à jouer. « Avec ce qu’il se passe », notamment la mise en sommeil de l’usine du Nord, « la base indépendantiste elle est ébranlée ».
« La trahison en Calédonie, c’est naturel »
« Je suis heureux d’être là car (…) il y a un vrai regroupement des uns et des autres, c’est bien ce qu’il faut en ce moment. Évidemment, ce n’est pas toujours facile. Vous le savez bien, vous tous : la trahison en Calédonie c’est naturel », a lancé l’ancien président du gouvernement, Harold Martin, visant le nouveau sénateur, Georges Naturel, élu avec un soutien indépendantiste.
« Ça fait chaud au cœur : être si nombreux un vendredi soir, ça nous rappelle à nos responsabilités et ça donne de l’énergie. C’est essentiel, l’unité. C’est ce qui nous a permis de traverser les épreuves entre 2019 et aujourd’hui, et c’est la seule solution pour faire face aux difficultés qui vont se présenter à nous », a prévenu Willy Gatuhau, maire de Païta.
« Notre camp des non-indépendantistes doit être dans la clarté, doit être combatif, doit être déterminé. Ces qualités essentielles, on les retrouve chez Sonia (Backès) et je crois qu’on les retrouve chez les représentants politiques qui sont réunis ce soir », a souligné Virginie Ruffenach, secrétaire générale du Rassemblement.
« C’est quoi cette histoire ? »
« Depuis maintenant quelques mois, voire même quelques années, nous essayons de travailler en cohérence avec nos différences (…), même avec les fortes personnalités que nous avons chacun et chacune. Cette unité est indispensable dans le combat que nous menons, combat qui a été mené par nos anciens et dont nous sommes les héritiers, le combat pour la Calédonie dans la France », a expliqué le maire de Kouaoua et président par intérim du Rassemblement, Alcide Ponga, dans un message vidéo enregistré. Pour construire cette union, « chacune et chacun devra travailler dans sa propre maison afin qu’elle soit le plus large possible ».
Le député de la deuxième circonscription, Nicolas Metzdorf, fondateur de Générations NC, a ensuite fait preuve d’introspection. « Dans notre défaite, on a une part de responsabilité. Dans le Nord et les Îles on est partis séparés la dernière fois : c’est quoi cette histoire ? On ne peut pas partir désunis dans des provinces où on est minoritaires : on perd des sièges (…) Si on avait été unis dans le Nord, si on avait été unis dans les Îles, on aurait gardé le pouvoir en Nouvelle-Calédonie. J’espère que ça nous servira de leçon, parce que l’erreur est humaine mais persévérer est diabolique. Et que ceux qui jouent aux cons, ceux qui dandinent des fesses parce qu’ils ont fait 250 likes sur Facebook, qu’ils réfléchissent bien avant de se lancer dans des aventures personnelles, parce qu’au lendemain des élections provinciales, si les indépendantistes sont toujours au pouvoir ils auront à rendre des comptes. »
« Un vrai espoir de vivre-ensemble »
« Sonia (Backès) elle a mené la province Sud d’une main de maître, elle a mené les politiques publiques qu’il fallait quand il fallait, la situation budgétaire est saine, l’usine du Sud est sauvée avec moins d’argent que l’usine du Nord », a poursuivi l’ancien maire de La Foa. « Pour ceux qui voudraient faire campagne contre Sonia Backès dans le Sud, je leur pose une question : vous allez faire campagne sur quoi, vous allez dire quoi, vous allez reprocher quoi ? Qu’elle vous a envoyé un SMS pour vous dire que vous étiez vilain ? En plus, ce n’est pas forcément faux », a-t-il glissé, déclenchant des rires dans l’assemblée.
La conclusion est revenue à Sonia Backès, cheffe de file des Républicains calédoniens. « Nous sommes capables de nous réunir tous ensemble » et « ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise ». Pour cette rentrée politique, « c’est toutes les générations qui sont réunies (…), c’est aussi toutes les communautés qui sont représentées ce soir ». C’est « important, car ça donne un vrai espoir de vivre-ensemble ».
Sonia Backès dont vous retrouvez l’interview dans notre édition de demain mercredi.
Anthony Fillet