Président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, le député Sylvain Maillard vient de passer quelques jours en Nouvelle-Calédonie.
Durant votre séjour, vous avez eu des entretiens politiques avec les indépendantistes et les non-indépendantistes, qu’en avez-vous retiré ?
Sylvain Maillard : En effet, accompagné de Nicolas Metzdorf et Philippe Dunoyer, membres du groupe Renaissance à l’Assemblée, j’ai pu m‘entretenir avec le groupe de Philippe Dunoyer au Congrès, avec Sonia Backès, mais aussi le président du Congrès Rock Wamytan et le président du gouvernement Louis Mapou, ainsi qu’avec la maire de Nouméa, Sonia Lagarde. L’idée était de les entendre sur le projet constitutionnel et le projet de loi organique, et plus généralement sur la situation politique et économique et sur les enjeux de cette année 2024, année stratégique pour la Nouvelle-Calédonie. Ces échanges ont été particulièrement intéressants.
Et que retiendrez-vous de votre séjour ?
SM : Qu’il y a vraiment des décisions à prendre. On a besoin de décisions. Nous portons deux projets de loi, dont une constitutionnelle, c’est donc un moment important. On attend des négociations qui sont difficiles. J’ai fait le constat lors des discussions que j’ai pu avoir, de points de vue très éloignés les uns des autres. Il y a également des décisions fortes à prendre concernant le nickel, il nous semble important de régler la question institutionnelle et celle du nickel, dans le même temps car elles sont étroitement liées. Il est donc essentiel de porter les discussions au maximum, ici en Nouvelle-Calédonie, mais j’ai dit à mes interlocuteurs que nous prendrons nos responsabilités et que nous voterons les deux projets de loi qui entreront en application s’il n’y a pas d’accord local.
A ce sujet, il semble qu’à l’Assemblée nationale, il existe des réticences à adopter une révision constitutionnelle qui ne s’appliquerait pas si un accord local était trouvé d’ici le 1er juillet.
SM : C’est en effet l’article 2 du projet de loi constitutionnelle qui stipule qu’en cas d’accord global local sur le corps électoral, nous appliquerions cet accord. En revanche, s’il n’y a pas d’accord dans un temps de discussion relativement réduit, la loi constitutionnelle sera mise en œuvre. Comme on dit, il faut mettre un peu de pression dans le tube. 2024 est une année stratégique, il faut qu’il y ait une réforme constitutionnelle tout en laissant la voie au dialogue, mais si des décisions ne sont pas prises ici parce que l’on ne trouve pas un accord, nous prendrons nos responsabilités. Je suis venu en Nouvelle-Calédonie pour rappeler ce point de vue.
Pensez-vous qu’il y a bien une majorité pour cette révision constitutionnelle ?
SM : Oui et je l’ai dit très clairement à mes interlocuteurs. Il y a une majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat. Mes députés qui constituent le groupe le plus important la voteront, et des entretiens que j’ai pu avoir, il y aura les 3/5ème. Nous avançons de notre côté, aux calédoniens de tous les partis d’avancer du leur.
Le gouvernement est très engagé dans le dossier calédonien, cette implication est-elle partagée par le groupe parlementaire que vous présidez ?
SM : Les deux députés calédoniens appartiennent à ce groupe, c’est important. C’est la 1ère fois qu’un président de groupe majoritaire à l’Assemblée se rend en Calédonie, il me semblait donc tout aussi important que je puisse porter la parole de ce groupe aux différents interlocuteurs que j’ai rencontrés. La majorité présidentielle est mobilisée pour que 2024 soit une année de réforme pour la Nouvelle-Calédonie.
Une année 2024 que le gouvernement engage avec une nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, que nous ne connaissons pas du tout…
SM: Je la connais bien car je travaille avec elle depuis des années. Je me réjouis de ce choix, c’est une députée politique et investie. Pour ce qui est des sujets strictement calédoniens, évidemment Gérald Darmanin, accompagnée de Marie Guévenoux, continuera à être l’interlocuteur.
Que direz-vous aux membres du groupe parlementaire dont vous êtes le président, de votre voyage en Calédonie ?
SM: Que c’est un moment important. Et qu’après trois référendums où la Nouvelle-Calédonie a choisi très clairement de rester Française, il faut l’aider à construire un projet
où chacun à sa place. Pour cela il faut garantir le fait que chaque Calédonien installé en Nouvelle-Calédonie puisse voter, participer, donner son avis à travers les élections pour rendre glissant l’accès au vote. Il faut faire en sorte de donner un avenir économique et le nickel est stratégique, il faut donc mettre en application le Pacte-nickel, c’est ce sur quoi notre majorité va se concentrer.