Après les grosses pluies du week-end dernier, Georgie Peraldi, éleveur de Pouembout, a perdu 80% de son cheptel. Soit, au total, 219 taureaux, vaches, et veaux. Un cas jusqu’à présent exceptionnel en Nouvelle-Calédonie.
« C’est quelque chose d’irréel. Lors des inondations, cela nous est déjà arrivé de perdre un ou deux bovins. Là, c’est du jamais vu ». Georgie Peraldi, éleveur de Pouembout, peine encore à réaliser la situation dans laquelle sa famille et lui se trouvent depuis quelques jours.
Dans la nuit de dimanche à lundi 5 février, la quasi-totalité de son cheptel – 219 bêtes sur près de 300 au départ – est morte noyée, des suites d’une « exceptionnelle crue » provoquée par un orage. Une situation catastrophique, qui peut s’expliquer par le caractère imprévisible de l’évènement.
Dimanche, alors que la météo semble au beau fixe – « il faisait beau, il y avait du soleil » -, Georgie Peraldi décide de laisser son bétail sur une propriété située à l’entrée de la commune, près de La Pouembout (à l’endroit où, habituellement en période de grosses pluies, la route est bloquée aux automobilistes).
La pluie ne commence à tomber qu’en début de soirée. Mais, là encore, rien ne laisse imaginer le pire. Il faut dire que depuis plusieurs années, les éleveurs du coin s’adonnent à un système bien rôdé. « A chaque fois que Guy Monvoisin (éleveur situé sur une propriété en hauteur, ndlr) voit l’eau dépasser de la rivière La Pouembout, il m’appelle directement pour m’alerter. Mais là, tout était normal. Puis, en fin de soirée est arrivé un orage tellement puissant qu’il est tombé, en moins de deux heures, au moins 140 millimètres d’eau », raconte Georgie Peraldi.
En conséquence, « le bétail s’est fait prendre par le courant et emporté dans le lit de la rivière », suppose-t-il. Un épisode qui aurait pût se terminer de meilleure manière s’il n’y avait pas, à un certain endroit de cette rivière, « un amas de bois de gaïac créant un barrage grand comme un terrain de football ». Car « c’est arrivés à ce niveau, bloqués par ces amas, que le bétail s’est noyé », analyse Georgie Peraldi.
Ce n’est que le lendemain, averti par un voisin chez qui une partie du cheptel survivant s’était réfugié, que l’éleveur prend connaissance du drame. « C’est en appelant le restant de bétail, pour le mettre en sécurité, que j’ai compris qu’il manquait plus de la moitié du troupeau », décrit-il. Après plusieurs heures de recherche vaine sur les propriétés voisines, il se résout, avec son fils, à utiliser un drone, afin d’avoir un visuel sur la rivière. Et d’apercevoir, avec horreur, l’ensemble des cadavres amassés.
Une « perte énorme » sur les rayons de viande
Aujourd’hui, il ne lui reste qu’une cinquantaine de bêtes. Soit 20% de son cheptel de départ. En conséquence, un impact direct sur une partie de la distribution de viande en Calédonie. « J’ai été obligé d’appeler l’OCEF pour annuler la centaine de veaux prévus à l’année. Ça va faire une perte énorme sur les rayons », regrette Georgie Peraldi. En parallèle, avec 6 salariés à ses côtés, il va devoir « piocher dans la trésorerie construite depuis plusieurs années ». Maintenant, son objectif va être de trouver un éleveur qui pourra lui revendre des génisses, mais aussi pouvoir repartir sur un prêt agricole à long terme. « C’est le travail de toute une vie qu’il faut reconstruire […] Mais on s’accroche », tente-t-il, malgré tout, de positiver.
Nikita Hoffmann