L’absence de participation des responsables indépendantistes à la conférence de presse de Calédonie Ensemble la semaine dernière, comme leur absence de réaction à la divulgation du texte d’un « grand accord », marquaient bien leur désapprobation. La réaction de l’UC est sans nuance.
Une réaction via un communiqué signé Pierre-Chanel Tutugoro et intitulé donc « l’ultra-transparence n’est pas toujours le prix de la confiance ». Comme nous le laissions entendre dans notre édition de mardi, Calédonie Ensemble a péché par « précipitation », présentant à la presse puis au public via les réseaux, un document de 38 pages plus des annexes, mais non signé ni par l’UNI-Palika ni par l’UC-FLNKS. L’Union Calédonienne reproche deux choses à Calédonie Ensemble. D’abord de n’avoir pas consulté les indépendantistes sur la divulgation de ce document. Ensuite et surtout d’y avoir adjoint en annexe, la photocopie d’un mail adressé à certains responsables de l’UC, de la DUS et du Parti Travailliste dont on découvre les adresses personnelles. « Après trois mois d’échanges, dit le communiqué de l’UC, Calédonie Ensemble a décidé – de manière unilatérale – de rendre public « les propositions de convergences » en vue de parvenir à un accord sur l’avenir institutionnel du pays. De plus, il a fait le choix de publier en annexe de cette feuille de route, un extrait choisi issu d’une correspondance privée, censé illustrer « nos divergences substantielles sur l’exercice du droit à l’autodétermination ». Cette annexe prouve en tout et pour tout qu’il ne s’agit pas d’un document de convergences mais plutôt d’une tentative de convergence en force des idées de Calédonie Ensemble, car toutes nos propositions de modifications ont été refusées. Cette annexe montre également aux Calédoniens que, la mise à disposition d’informations critiques concernant des processus institutionnels ne signifie pas nécessairement plus de transparence démocratique, c’est-à-dire plus de souveraineté populaire. Au contraire, le besoin d’ultra-transparence se transforme souvent en numéro de voyeurisme et d’hypocrisie ». Estimant qu’il y a eu violation de la correspondance privée, l’UC évoque même un recours en justice, mais surtout remet en cause le travail effectué avec Calédonie Ensemble. « Dans un premier temps, dit ainsi l’Union Calédonienne, nous rappelons à Calédonie Ensemble que la correspondance privée est protégée par le droit du secret et sa violation est punie par la loi, et nous nous réservons le droit de faire valoir ce droit. En diffusant – sur les réseaux sociaux – les adresses e-mails personnels de certains élus de notre groupe politique, Calédonie Ensemble a violé leur droit au respect de leur vie privée, mais également leur droit à la correspondance privée. Nous rappelons enfin que pour offrir aux Calédoniens des perspectives d’avenir, les responsables politiques doivent travailler en toute confiance, ce que Calédonie Ensemble vient de remettre en cause ».
Une erreur politique ?
La présentation de ce texte par les responsables de Calédonie Ensemble constitue-t-elle une erreur ? La vive réaction de l’UC qu’elle a suscitée pourrait l’assurer. Ça n’était en tous cas pas convenir combien la question des discussions et des négociations est sensible chez les indépendantistes. Les militants, en particulier ceux de l’UC, sont restés sur la stratégie qu’il n’y a de discussions possibles que sur un ordre du jour établi par les indépendantistes, et sur leurs thèmes. Le prochain congrès du FLNKS, fin février ou début mars, devrait clarifier les choses. L’annonce de l’existence d’un texte de « grand accord » et la confirmation que des discussions ont lieu depuis au moins octobre, en ont certainement surpris plus d’un, suscitant l’embarras des responsables. « La confiance que Calédonie Ensemble vient de remettre en cause », selon l’UC, signifie peut-être que le projet est mort-né. Par ailleurs, si l’État, par la voix de Gérald Darmanin, avait immédiatement réagi à la publication d’un communique commun FLNKS-Éveil Océanien-Loyalistes-Rassemblement, il s’est bien gardé de faire le moindre commentaire sur le texte de Calédonie Ensemble.