Ayant mal vécu la rupture, un homme a frappé puis harcelé de menaces de mort son ex-femme en fin d’année dernière à Nouméa. Jusqu’à brandir un couteau face à elle en lui promettant de la tuer. Il a rejoint le Camp-Est.
Elle a encore tellement peur de lui qu’il lui était impossible de venir au Palais de justice et d’affronter du regard celui qui fut son bourreau pendant des années. Celui qui lui avait promis de l’éventrer. Celui qui l’a, finalement, déshumanisé. « Profite bien, tu ne vas pas voir 2024 », lui avait-il juré par SMS quelques jours avant la fin d’année dernière.
Au tribunal correctionnel de Nouméa, c’est un homme d’une trentaine d’années calme et timide qui a pris place dans le box pour être jugé de plusieurs épisodes de violences sur sa compagne à Nouméa. Il affiche une image qui ne correspond pas à celle décrite d’un tyran domestique. Plus spectateur qu’autre chose de son procès, il laisse parler chacun sans jamais dire grand-chose. Et pourtant, la présidente Hélène Gaillet est revenue longuement sur cette relation de couple vieille de douze ans qui a mal tourné depuis presque plusieurs années sans que l’on sache réellement pourquoi. « Elle vit dans un climat de violences depuis 2017 », assure Me Virginie Boiteau, l’avocate de la partie civile.
Convoqué en justice, il récidive
Le 8 août dernier n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ce jour-là, cette femme d’une trentaine d’années raconte qu’une dispute a éclaté pour un motif futile avec son compagnon qui ne sait répondre qu’avec des coups de poing au visage et à la tête. La lèvre éclatée, elle subit encore une brutalité qui la pousse à déposer plainte au commissariat contre celui avec qui elle partage sa vie. Une enquête est ouverte, un mandat de recherche est délivré et c’est l’imbroglio le plus total.
Car elle apprend que son compagnon vient d’être arrêté et placé en garde à vue. Elle ne comprend pas, il vient pourtant de lui envoyer de nombreux SMS menaçants. Les policiers vérifient et découvrent que c’est le frère du compagnon qu’ils ont sous la main. Celui-ci, également recherché pour d’autres faits, s’était fait passer pour son frère… sans savoir qu’il faisait l’objet d’un mandat de recherche pour violences conjugales. A sa sortie de garde à vue, le « véritable » compagnon se rend immédiatement au domicile de Madame et lui jette à la figure sa convocation en justice. « Vous avez déjà été condamné, vous venez d’être libéré de garde à vue et ça ne vous arrête pas », n’en revient pas la présidente.
« Des SMS épouvantables »
Le 21 décembre dernier, il débarque chez elle en pleine nuit. Elle finit par lui ouvrir, craignant qu’il démolisse la porte. Il est ivre. Il a surtout un couteau à la main et fait mine de la poignarder. Il finit par s’écrouler dans le lit et s’endormir. La jeune femme le quitte définitivement. Les jours qui suivent sont éprouvants. Son portable ne s’arrête pas de sonner. « Une avalanche de SMS épouvantables », décrit Richard Dutot, le procureur de la République. Le prévenu lui promet qu’elle va « finir dans une tombe » ou « jeter par-dessus le balcon ». Le ministère public requiert deux ans de prison ferme à l’encontre du prévenu dont le comportement « a eu un fort retentissement psychologique ».
L’avocat de la défense Me Stéphane Bonomo tente de relativiser les faits reprochés, « c’est une affaire banale d’un couple qui périclite avec des jalousies et des infidélités ». A l’écouter, son client a été « perturbé » par les trois semaines qu’il vient de vivre en détention provisoire qui ont été vécues « comme un électrochoc ».
La décision tombe quelques minutes plus tard. Le tribunal décide de renvoyer au Camp-Est le prévenu pour une année et d’assortir la peine de six mois de prison avec sursis probatoire pour lequel il lui sera interdit de reprendre contact avec sa désormais ex-compagne.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche