Dans quelques heures, 2023 sera passé. Drôle d’année où tant d’espoirs se sont exprimés, suivis de presqu’autant de déceptions. Toutefois, il se sera passé bien des évènements sur le terrain politique qui fait de 2024 une année attendue avec impatience.
Les désabusés et les impatients concluront – sans qu’ils aient tort – que 2023 s’achève sans qu’il ne se soit rien passé, et que cela fait deux ans maintenant que l’on attend que les résultats du dernier référendum trouvent leur concrétisation. Mais qui pouvait croire que tout se réglerait sans heurt, ni crispation, ni retard ?
2023 aura vu l’État investir massivement le dossier calédonien, y consacrant énergie, moyens et ambitions, dont aucune autre région de France n’a bénéficié, qui plus est pour une terre de 270 000 habitants. Le point d’orgue aura été la visite d’Emmanuel Macron et son discours place des Cocotiers qui a fixé les choses, réaffirmé des vérités et conforté un chemin. L’investissement de l’État s’est manifesté par les nombreuses venues de Gérald Darmanin, l’implication de Bruno Le Maire, la visite de Sébastien Lecornu jusqu’à l’annonce dans ces colonnes de la construction d’une nouvelle prison par Éric Dupond-Moretti. La Nouvelle-Calédonie aura été cette année, une terre de ministre.
Et les discussions ?
On a beaucoup discuté en 2023, et si tout s’est fait extrêmement lentement, trop aux yeux de l’opinion, on s’est au moins parlé. Certes l’UC a fait trainer les choses, refusant les trilatérales, puis ne voulant plus parler avec l’État, avant de se raviser et de rencontrer le ministre de l’Intérieur, mais les non-indépendantistes, Calédonie Ensemble et l’UNI-Palika ont participé à de nombreuses rencontres, notamment autour du « document-martyr ». L’État a en effet produit un texte, une proposition de statut, demandant aux partenaires de l’amender, le modifier, l’améliorer. Une base capitale de discussion dont tous, à part l’UC, se sont emparés et y ont travaillé. Il ne s’est donc pas rien passé, on espère juste que 2024 verra ce travail se concrétiser. C’est d’ailleurs cette porte qui a été laissée grande ouverte par le gouvernement, laissant aux partenaires jusqu’au 1er juillet prochain pour trouver un accord. Des discussions que n’auront pas retardé l’imbroglio des senatoriales au cours desquelles certains ont tenté de rebattre les cartes, sans en mesurer toutes les conséquences.
Politique et économie
« Il n’y a pas d’avenir prospère pour la Nouvelle-Calédonie, y compris sur le plan politique, s’il n’y a pas un avenir pour le nickel ». Gérald Darmanin avait été très clair lors de sa 5ème venue de l’année chez nous. Plus que jamais, la politique est indissociable de l’économie, en raison de la situation dans laquelle la Nouvelle-Calédonie se trouve. Pour des raisons propres à nos fonctionnements et des causes exogènes, la Nouvelle-Calédonie est dans un état économique qu’elle n’a jamais connu. Les finances publiques sont exsangues, le nickel s’effondre et partout où que le regard se porte, on voit que plus rien ne fonctionne. C’est aussi ce qui a conduit à des départs massifs qui se poursuivent jour après jour. En matière d’économie, 2023 fut une Annus Horribilis, qui ne fut franchie qu’avec l’aide de la France, la patrie généreuse. Mais cette dernière pose désormais des conditions, n’acceptant de participer au redressement général que si la Nouvelle-Calédonie œuvre par elle-même à changer les choses. Ce qui est mené actuellement pour le nickel, au travers d’un groupe de travail dédié qui devra sortir un plan d’ici quelques semaines, pourrait être élargi à bien des secteurs. Sur ce point, indépendantistes et non-indépendantistes se sont affrontés toute l’année sur les voies et moyens. Au recours à la fiscalité choisi par le gouvernement indépendantiste, la relance économique est prônée par les Loyalistes et le Rassemblement. Pour l’économie calédonienne, davantage peut-être même que pour la politique, 2024 sera cruciale, déterminante et devra se montrer conclusive.