Considéré par la justice comme l’organisateur d’un trafic de coke entre la Métropole et le Caillou, un homme d’une quarantaine d’années a été condamné à une peine mixte en CRPC. Ses ennuis judiciaires ne sont pas pour autant derrière lui.
Il avait demandé un délai de réflexion d’une semaine. Hier matin, un trafiquant de cocaïne, considéré par la justice comme un poidslourds du trafic de stupéfiants en Nouvelle-Calédonie, a accepté la peine proposée par le procureur de la République Yves Dupas dans le cadre d’une procédure de CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité). Cet homme d’une quarantaine d’années, arrivé sur le territoire il y a une vingtaine d’années, était soupçonné par les enquêteurs d’avoir vendu plusieurs centaines de grammes de poudre blanche à de nombreux consommateurs calédoniens au cours d’évènements festifs dont il était parfois l’organisateur.
Après deux ans d’investigations, il avait été interpellé par les gendarmes de la Section de recherche (SR), comme cinq autres personnes plus ou moins impliquées dans ce trafic, et il avait reconnu qu’il avait acheminé depuis la Métropole de la coke dissimulée dans des flacons ou des produits de toilette au cours de plusieurs voyages entre 2018 et 2021.
« Je suis en train de payer »
Si les secondes mains de ce réseau d’importation ont été condamnées mercredi dernier, le prévenu avait demandé quelques jours pour réfléchir à la proposition formulée par le parquet. Un « accord » a donc pu être trouvé entre toutes les parties hier matin. Comparaissant sous escorte policière étant détenu provisoirement dans un second dossier de trafic de cocaïne, le quadragénaire s’est entretenu, en présence de son avocate, Me Barbara Brunard, avec la présidente Véronique Salabert chargée « d’homologuer » la peine. « Le procureur propose 36 mois de prison dont 20 mois de prison avec sursis probatoire qui inclut une obligation de suivre des soins. La peine prévoit aussi une amende délictuelle de deux millions de francs ainsi que la confiscation de votre scooter T-Max », a-t-elle annoncé. La magistrate a ensuite questionné le trafiquant, s’interrogeant sur ses motivations et « l’argent facile » généré par ce trafic. « J’ai toujours travaillé, j’ai une entreprise d’évènementiel et une autre de BTP. Je faisais venir des artistes internationaux. Ce n’était pas pour l’argent facile, j’ai eu des moments moins faciles dans la vie et j’avais une addiction festive et maladive », a-t-il répondu. La présidente l’a ensuite sermonné, rappelant qu’avec la vente de cocaïne, « vous mettez en danger des personnes et vous financez l’économie souterraine. Cet argent sert ensuite à financer les attentats, les trafics d’armes ou encore la pédophilie. C’est un fléau sociétal ». Le prévenu a assuré ne pas avoir « monté de réseau de cocaïne. Je savais à qui je vendais et je ne mesurais pas les risques. Je ne maîtrisais rien. Je suis aujourd’hui en train de payer ».
« Un trafic qui n’a pas inondé la Calédonie »
« C’est une affaire ancienne avec plusieurs personnes impliquées. Mon client a accepté la peine mixte, notamment avec une obligation de suivre des soins ce qui était extrêmement important pour nous car il souffre d’une addiction. Comme très souvent dans le cas des trafics de stupéfiants à l’échelle du territoire, il s’agissait d’une consommation dans un cadre très restreint et contrairement à ce qu’on a pu penser, entendre ou lire, il ne s’agit pas d’un trafic qui a pu inonder la Calédonie. Mon client regrette bien évidemment de s’être mis dans cette situation », a déclaré son avocate Me Brunard. Passé le délai d’appel de dix jours, cette peine sera mise à exécution. Le quadragénaire n’en a pas fini pour autant avec les ennuis judiciaires. Mis en examen dans un second dossier et placé en détention provisoire au Camp-Est depuis février dernier, il est suspecté d’avoir importé un kilo de cocaïne quasi-pure caché dans une enceinte de musique qui, une fois coupée avec d’autres produits, avait un potentiel de revente estimé à 75 millions de francs. Il s’agissait de la plus importante saisie de poudre blanche dans un colis postal réalisée au pays.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche