Rattaché au ministère des Armées, le centre d’action sociale d’Outre-mer de Nouvelle-Calédonie a été floué par l’une de ses employées, qui a reconnu les détournements. Elle comparaîtra devant le tribunal correctionnel prochainement.
Au centre d’action sociale d’Outre-Mer de Nouvelle-Calédonie, elle n’avait jamais éveillé le moindre soupçon. Pourtant, d’après nos informations, une secrétaire est aujourd’hui dans le viseur de la justice, soupçonnée d’être à l’origine d’escroquerie et d’abus de confiance entre décembre 2022 et mars 2023, en récidive. Le préjudice serait évalué à plusieurs centaines de milliers de francs. Ce sont les enquêteurs de l’Unité économique et financière de la Direction territoriale de la police nationale (DTPN) qui ont été saisis de ce dossier pour faire toute la lumière sur les agissements de cette employée.
Facture impayée
Le point de départ ? Une plainte d’un lieutenant-colonel de l’armée au commissariat central qui vient raconter comment le service du centre d’action sociale avait remarqué des dysfonctionnements internes et de possibles malversations. Les enquêteurs apprennent ainsi qu’un magasin avait contacté l’armée, en mars dernier, pour réclamer le paiement d’une facture de 800 000 francs qui, malgré les relances, n’avait jamais été acquittée. En l’absence de la secrétaire, alors en vacances, sa remplaçante tentait de comprendre les raisons de ce non-paiement et se plongeait dans la comptabilité de la structure. C’est surtout le détail de la facture du magasin qui va surprendre les équipes car les achats portaient sur quatre téléphones, du multimédia dont un appareil photo, et de l’électroménager (micro-ondes). Bref, autant dire des articles qui n’ont pas grand-chose à voir avec les commandes habituelles du centre d’action.
Des dépenses quotidiennes excessives
Quelques jours plus tard, le magasin déposait à son tour une plainte pour escroquerie, expliquant que la secrétaire indélicate avait récupéré l’ensemble des produits achetés sans avoir réglé la facture. Les responsables militaires du Centre découvraient alors que la secrétaire avait commis de nombreuses malversations, profitant de son poste pour les cacher et ne pas alerter sa hiérarchie. Les détournements auraient peut-être pu encore durer si un magasin n’avait pas tapé du poing sur la table. Les enquêteurs de la police ont cherché à mieux cerner le profil de la suspecte, découvrant notamment, aux moyens de recherches bancaires, qu’elle était en difficulté financière en raison de dépenses quotidiennes excessives.
Le tampon de la directrice adjointe
Déjà connue de la justice pour escroquerie et faux et usage de faux – elle aurait été condamnée en Métropole il y a quelques années -, la quadragénaire a été placée en garde à vue au commissariat central. Devant les nombreux éléments recueillis par les policiers, la secrétaire a reconnu qu’elle avait passé au moins deux commandes dans un magasin au nom de l’armée et qu’elle avait validé le devis en utilisant le tampon de la directrice adjointe. Un nouveau signalement était même effectué par l’armée, qui avait découvert de nouvelles factures frauduleuses pour un total de 100 000 francs.
Après plusieurs heures d’audition, l’indélicate secrétaire a pu sortir du commissariat avec une convocation en poche. Elle devra rendre des comptes devant le tribunal correctionnel de Nouméa en septembre prochain.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche