« Aujourd’hui, ma place n’est pas facile » mais la vôtre est encore plus inconfortable, car « c’est compliqué de juger un homme ». C’est par ces mots, destinés aux six jurés tirés au sort pour cette affaire de coups mortels à Ouvéa, que Barbara Brunard, avocate de la partie civile, a entamé hier matin au palais de justice de Nouméa sa plaidoirie au second jour du procès d’un jeune de Mouli, accusé d’avoir tué un vieux de la tribu voisine, Lekine, début 2020, au petit matin, conclusion brutale d’une soirée festive et trop alcoolisée. « Là pour porter la parole d’une famille qui attend depuis quatre ans, patiemment, sans volonté de vindicte », elle veut que « la justice passe », que l’accusé soit condamné. Cela ne ramènera pas à la vie la victime, mais cela soulagera tout le monde, excepté le prisonnier et ses proches. L’avocate générale, Claire Lanet, a requis dix ans contre cet homme qui en risquait cinq de plus. Il a finalement été condamné à cinq de moins. Cinq ans ferme, donc. Le doute, car il y en avait un sur la cause exacte du décès, n’a pas profité à l’accusé, futur papa qui n’assistera pas aux premiers pas de l’enfant que sa compagne attend. Dans cette dernière session d’assises de 2023, qui s’achève aujourd’hui par une affaire de viol, on en reste, pour le moment, à deux acquittements (pour viols et agressions sexuelles en 2002 et 2003 à Nouméa, et meurtre à Ouégoa en 2021), ce qui est déjà historique puisque ce sont les premiers à Nouméa depuis plusieurs années. Ils sont venus rappeler que, pour un accusé, rien n’est jamais perdu d’avance.